Son histoire : l'époque contemporaine, de 1789 à 1945
Pour les historiens, l'époque contemporaine débute en 1789 et couvre toute la
période historique de la Révolution française jusqu'à nos jours.
Le village de Laissey ne restera pas à l'écart des changements et sera plus ou
moins impacté par la Révolution industrielle (mines et usines de tissage et
d'outillages), les différents soubresauts politiques (fin de la Royauté, Premier
et Second Empires et Républiques) ainsi que par les différentes guerres dont
deux conflits mondiaux.
Il est d'ailleurs assez amusant de voir à chaque changement de régime politique
au cours du XIXème siècle, les zélés membres des différents Conseils
municipaux s'empresser d'adresser leurs plus sincères félicitations au nouveau
venu !
Au sortir de la Révolution française : 1789 - 1870
mars 1789
Laissey compte seulement une centaine d'habitants. 23 chefs de famille se
réunissent en assemblée générale pour établir leur cahier de doléances
demandé par le bailliage de Baume-les-Dames en vue des futurs États
généraux du 5 mai 1789.
Les villageois font état que le Baron de Lanans s'est emparé d'une partie
de leurs biens et des titres d'un procès en cours. Leur Seigneur, le Comte
de Lallemand, fait valoir ses propriétés et ne paie plus que la moitié de
ce qu'il leur doit.
La Révolution française se prépare...
17 Vendémiaire An II (8 octobre 1793)
Par peur de devenir un repère de brigands et déjà en très mauvais état, le
Conseil général du Doubs émet un arrêté afin de détruire le château de
Vaîte. Seuls une tour du donjon carré, une citerne, un chemin pavé et
quelques remparts subsistent.
Quant au château de Roulans, il endure également des destructions et des
pillages dus à cette époque trouble et seule une tour sur les quatre
d'origine et un seul bâtiment restent debout.
An IV et V (1796)
Reconstruit après la Révolution française, le moulin se compose de quatre
tournants à blé et d'une ribe (scie). Il emploie une bonne vingtaine de
personnes (meuniers, ouvriers, charretiers, ...).
Le recensement réalisé dénombre 60 feux (foyers) et 32 maisons.
1810 - 1830
Affiche du 13 octobre 1828.
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le document.
Construction du canal du Rhône au Rhin dit canal Napoléon puis canal
Monsieur en l'honneur du futur Charles X. Les travaux de terrassement
sont réalisés en partie par des prisonniers de guerre espagnols.
Le canal sera mis au gabarit Freycinet entre 1882 et 1921 pour accueillir
des péniches de 38,50 mètres de long avec une capacité de
350 tonnes.
1813
😷
Suite aux nombreux revers subis par les armées napoléoniennes, la région
est envahie par les Autrichiens ce qui entraîne des réquisitions, des
pillages et l'apparition du typhus.
1821
Une usine de tissage mécanique de coton s'implante à Laissey dans la plus
pure tradition de l'industrie textile lyonnaise du XIXème siècle. Elle
produit du satin, du calicot et du reps, une étoffe de soie et de laine.
Elle emploiera jusqu'à soixante-dix personnes pour un salaire mensuel
variant de 45 à 70 francs.
Pierre Simon est le propriétaire du moulin attenant.
L'utilisation de l'énergie hydraulique et les nouveaux moyens de
transport ferroviaire et fluvial qui se développent au cours du
XIXème permettent l'implantation dans tous les villages de
nombreuses entreprises métallurgiques, textiles, papetières, ... et
propulsent la vallée du Doubs dans l'ère de la révolution industrielle.
Elle va ainsi vivre un véritable âge d'or pendant près d'un siècle. Au
détriment d'autres parties du département qui resteront profondément
rurales et qui, pour certaines, verront leur influence s'estomper.
1824
Réalisation du premier cadastre : 286 hectares dont 135 de forêts.
1er juin 1830
Les frères Auguste et Louis Bouchot, maîtres de forges à Clerval et à
L'Isle-sur-le-Doubs, obtiennent la première concession pour l'exploitation
d'une mine de fer sur la commune de Laissey.
La concession des mines de Laissey (2,34 hectares) et la mine de
"Laissey est" alimentent leurs deux hauts fourneaux de Clerval.
1836
Une Ordonnance du 19 février recense un moulin composé de quatre
paires de meules et une ribe auquel s'ajoutent une huilerie et une
scierie.
1838
Le maire de Roulans et Conseiller général Maître Ronnod s'oppose au
passage de la ligne de chemin de fer à Roulans pour préserver ses
propriétés. L'erreur sera "fatale" pour l'avenir du village...
1839
Le Conseil général du Doubs accorde une première subvention pour l'étude
d'une ligne ferroviaire entre Dijon et Mulhouse passant par le
département.
C'est le début de très nombreuses études et hésitations géo-politiques
sur le tracé entre la Vallée de l'Ognon ou la Vallée du Doubs qui
aboutiront en 1854 au choix d'une section entre Besançon et Mulhouse
passant par la seconde.
1845
Jacques Boillot est nommé garde-champêtre de la commune contre une
rémunération de 50 francs par an.
Mademoiselle Thérèse Clément prend ses fonctions d'institutrice. Elle loge
au-dessus de l'école qui se trouve près de la fontaine au bas du village
(qui deviendra l'atelier de distillerie). Les enfants du village ne
fréquentent pas tous de manière très assidue l'école, l'instruction
obligatoire laïque et gratuite étant instituée seulement par la loi du 28
mars 1882 dite « loi Jules Ferry ». De plus, les
conditions sont précaires, absence de toilettes notamment qui seront
construites en 1848 après une sommation du préfet !
1845
Construction de la route de Grande Circulation n° 30 de Rioz à
Vercel, l'actuelle Route départementale... n° 30 ! Pour son
entretien, la commune verse une quote-part de 203 francs. Une partie
de cette somme sera reversée sous forme de prestation en nature.
Ce n'est pas encore la route entre Laissey et Champlive et ses deux
tunnels telle qu'elle existe aujourd'hui et qui sera réalisée en 1890,
mais celle qui est appelée « la vieille route ».
Malgré son étroitesse, cette dernière marque cependant une avancée
significative pour faciliter les déplacements entre les cantons et relier
les deux plateaux de Roulans et de Bouclans en passant par la Vallée du
Doubs.
1845 - 1850
Pour évacuer les eaux du Gour qui inondent constamment le village de
Champlive, un canal de dérivation de 850 mètres de long est réalisé
et une galerie d'une longueur de 457 mètres en direction de Laissey
est percée.
18 octobre 1846
Les membres du Conseil municipal prêtent serment au nouveau Roi des
français, Louis-Philippe Ier.
1847
Construction du chemin de halage sur la rive droite du Doubs par
l'administration du canal du Rhône au Rhin.
4 mars 1848
Vote unanime du Conseil municipal à l'adhésion au nouveau gouvernement
républicain et à la Deuxième république naissante.
6 novembre 1848
Monsieur Justin Vieille prend ses fonctions d'instituteur. Il loge
au-dessus de l'école et perçoit un traitement annuel de 200 francs
plus une cotisation mensuelle de 50 centimes par enfant due par les
parents des enfants fréquentant l'école. Entre aider aux travaux agricoles
ou s'instruire, le choix est rapidement fait pour certaines familles...
1850
Construction d'un nouveau bac pour traverser le Doubs au niveau du moulin
de "La Chevanne", l'ancien ayant été emporté au cours d'une
crue. Il est réalisé par Joseph Taverdet, maître-charpentier à Deluz, pour
un montant de 1 139,87 francs.
Toponymie du nom Chevanne
Le chevesne ou la chevanne est un poisson d'eau douce très
fréquent en Europe. En Franche-Comté, on lui donne le nom de
meunier. Le rapport avec l'exploitant du moulin du même nom est
évident !
Certains historiens rapprochent également chevanne de l'allemand
Schwingen, la balançoire, car ils l'écrivent Schvann. Un
nom qui a pu être donné par un germanophone en lien avec le lent
balancement des roues à aube du moulin.
Enfin, pour être complet dans l'analyse étymologique, chevanne
en ancien français est le nom de la perche autour de laquelle on attache
de la paille et des fagots pour faire un feu de joie. Mais là, on
s'éloigne fortement de l'univers des moulins et il est bien difficile de
trouver un quelconque rapprochement avec la bâtisse existante à Laissey.
1850 - 1854
La mise en service de la galerie d'évacuation des eaux du Gour à Champlive
provoque rapidement de nombreux éboulements côté Laissey.
Le 18 juin 1852, le lit du Doubs est totalement obstrué par un glissement
de terrain de 80 000 m3 inondant toute la partie
amont, en particulier le moulin (situé à l'emplacement de l'ancienne usine
Bost).
En 1854, pour mettre fin à ces perturbations, le Ministère des Travaux
Publics ordonne de murer la sortie de la galerie.
Jusqu'en 1874, il s'en suivra de nombreux procès entre le moulin de
Laissey et les communes de Champlive et de Dammartin-les-Templiers.
1851
Le recensement effectué donne le détail suivant :
188 habitants (sans plus de précision).
culture : 30 hectares de céréales, 3 hectares de prairie
artificielles, un peu de vignes et 146 hectares de bois.
cheptel : une cinquantaine de bœufs, vaches et veaux.
1852
La Compagnie du chemin de fer de Dijon à Besançon et de Besançon à
Belfort débute les travaux de construction de la ligne ferroviaire de
Dijon à Mulhouse.
Une importante crue du Doubs détruit l'ensemble des actes d'État civil.
Ils ne seront reconstitués seulement qu'en 1883 au moyen des doubles
transmis au greffe du tribunal civil.
8 mai 1852
Prestation de serment du Conseil municipal au nouveau Président de la
République, Louis-Napoléon Bonaparte.
Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au Président.
Compte-rendu du conseil municipal
8 mai 1852
31 octobre 1852
Le Conseil municipal vote à l'unanimité le rétablissement de l'Empire et
son Empereur, Napoléon III.
18 février 1853
Prestation de serment du Conseil municipal à l'Empereur, Napoléon III. Par
rapport au 8 mai 1852, seul le dernier mot change...
Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l'Empereur.
Compte-rendu du conseil municipal
18 février 1853
22 novembre 1853
Suite à une lettre du recteur de l'Académie, une cloison de
1,5 mètres est installée dans l'unique salle de classe de l'école
pour séparer les filles et les garçons.
20 avril 1854
Un décret impérial attribue la concession pour la construction de la ligne
de chemin de fer de Dijon à Mulhouse à la Compagnie des chemins de fer
de Paris à Lyon (future Compagnie des chemins de fer de Paris à
Lyon et à la Méditerranée).
Il est décidé que la section entre Besançon et Mulhouse passera
finalement par la Vallée du Doubs via les villes de Baume-les-Dames,
Clerval, L'Isle-sur-le-Doubs, Montbéliard et Belfort. Et ce, au détriment
du projet initial par la Vallée de l'Ognon, les maîtres de forges de
Haute-Saône subissant de plein fouet la concurrence féroce de la fonte
produite en Meurthe-et-Moselle et ayant perdu de leur influence.
23 mai 1855
André Courtot et Louis Pauthier sont nommés gardes-champêtres de la
commune contre une rémunération de 50 francs par an.
23 août 1855
Par solidarité, le Conseil municipal vote un don de 15 francs pour
venir en aide aux victimes du grand incendie de Vercel des 12 et 14
juillet qui détruisit 44 maisons.
Ce montant paraît bien dérisoire... En effet, la commune participe un an
plus tard pour 115 francs au transport des meubles du nouveau curé
Manet qui arrive à Deluz en remplacement de l'abbé Caillot.
1856
Le Conseil municipal accueille avec empressement la naissance du Prince
impérial, Louis-Napoléon. Et, en accord avec les autorités
ecclésiastiques, les conseillers chantent un Te Deum d'action de
grâce !...
Les meuniers Xavier Salignon et son beau-frère François Vagnon font
tourner le moulin aidés de trois domestiques. L'éclusier Antide Brevillier
est locataire au moulin, car les maisonnettes des éclusiers ne sont pas
encore construites.
14 janvier 1858
L'Empereur Napoléon III est victime d'un attentat en se rendant à l'opéra.
Fidèle à ses habitudes, le Conseil municipal s'empresse d'écrire une
pompeuse lettre à « ses Majestés ».
Sire,
Le Conseil municipal de Laissey à l'honneur d'interpréter des vœux
au (sic) noms de tous les habitants de cette commune et à féliciter
leurs Majestés d'avoir été heureusement préservés. Et que Dieu
continue à préserver l'Empereur et l'Impératrice et accorde à leur
règne une longue durée.
Et sans le besoin de déposer à vos pieds et au (sic) pieds de
l'Impératrice l'expression de toutes affections et de tout son
dévouement.
Le Conseil ainsi que tous les habitants de cette commune éprouve (sic)
la plus vive indignation de l'horrible attentat dirigé contre vos
jours et contre ceux de notre auguste Souverain.
Il ne cessera d'invoquer la protection divine pour vous défendre
contre les attaques de ces éternels ennemis de la France.
Fait et délibéré en séance du 20 janvier 1858
Jean-Baptiste Corrotte (maire de Laissey), Jean-Claude Courtot (adjoint au maire),
Jean-Baptiste Barbe, Nicolas Barbe, Clément Court, Victor Courtot,
Jean-Charles Corrotte, Jean-Denis Corrotte et Jean-Jacques Corrotte
1858
Dix-huit ouvriers travaillent dans la mine de "Laissey est" exploitée par
Auguste Bouchot.
1er juin 1858
Après les sections de Dijon à Dole le 25 juin 1855 et de Dole à
Besançon le 7 avril 1856, celle entre Besançon et Belfort, par
la Vallée du Doubs, est ouverte à la circulation.
Les travaux se sont achevés en empiétant sur des terrains communaux et ce
sans l'accord de la commune !
La ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse propulse le village dans l'ère de
la Révolution industrielle en facilitant le transport des personnes et des
marchandises et permet à des entreprises de s'installer et de prospérer en
écoulant leurs biens au-delà de la région (minerais de fer, textiles puis
outillages à main).
Conjuguée à la construction du canal fluvial concomitante, elle marque
également le déclin rapide du relais de poste de Roulans sur la route de
Strasbourg à Lyon. Les trois auberges qui accueillaient jusqu'alors une
centaine de chevaux chaque jour dans leurs vastes écuries ne voient plus
que deux chevaux par mois...
De même pour la population qui s'effondre de 700 habitants en 1846 à 435
en 1876. Alors que, dans le même temps, la population de Laissey double
quasiment.
Le maire de Roulans et Conseiller général Maître Ronnod qui s'était
opposé au passage de la ligne de chemin de fer à Roulans pour préserver
ses propriétés a eu le nez creux !
années 1860
La production de minerai de fer s'accroît fortement, bien aidée par les
techniques d'exploitation modernes mises en œuvre par les ingénieurs des
mines des différentes compagnies.
Le minerai de fer de Laissey entre progressivement dans la consommation
courante des hauts fourneaux francs-comtois de Clerval (Doubs), Chagey
(Haute-Saône) et Fraisans (Jura) ainsi que dans celle des grands hauts
fourneaux du Creusot (Saône-et-Loire), de Chasse-sur-Rhône et Givors
(Rhône), de Firminy, Rive-de-Gier et Terrenoire (Loire).
30 juillet 1860
Un procès-verbal constate l'addition de deux meules aux installations
existantes du moulin, soit un total de dix meules. Le système hydraulique
se compose de six roues à aubes planes disposées dans trois coursiers
(déversoirs) et alimentées en eau par trois vannes de fond.
1861 - 1864
Antoine Mourreau est le propriétaire du moulin.
1862
Soixante-dix ouvriers travaillent aux mines de "Laissey est" et du
Jay-Rouge.
Le maçon Martin de Deluz ouvre une carrière dans la forêt communale de
Souvance. La commune se rémunère au prix de 0,15 francs le mètre cube
de pierres extraites.
6 novembre 1862
Le chef de gare Hébert est assassiné par le facteur de la gare Mathiot
suite à une sanction disciplinaire infligée par le premier au second pour
son laisser-aller dans son travail.
Le meurtrier Mathiot se suicide après son méfait.
1er février 1863
Arrêté du maire interdisant à quiconque de détenir de la poudre explosive
dans son habitation ou de la détruire sous peine d'un à deux mois de
prison.
Elle est utilisée dans les mines pour l'extraction du minerai de fer et
certains ouvriers la stockent chez eux au centre du village !
1865
Durant l'année, quarante manœuvres retirent de la mine de Froide-Oreille
17 650 tonnes de minerai de fer valant 65 160 francs.
14 février 1865
Arrêté du maire interdisant sur le territoire communal toutes voitures
servant de logement aux nomades, saltimbanques, musiciens, chanteurs et à
tout individu sans profession déclarée.
19 septembre 1865
Prestation de serment du Conseil municipal à la constitution et fidélité
à l'Empereur.
1866
Cessation de l'exploitation de la mine de "Laissey est" par La Société
des fonderies et forges du Creusot, le gisement étant considéré comme
épuisé.
1867
Pour héberger ses ouvriers et face à un manque cruel de logements, la
compagnie minière Schneider et compagnie construit une petite cité
ouvrière de six maisons, chacune comprenant quatre logements de deux
pièces.
Le 18 mai 1886, la compagnie les revend par adjudication. Le prix moyen
est de 1 300 francs payable en quatre mensualités annuelles.
Pratique peu courante à l'époque, les acheteurs sont obligés d'assurer
leurs maisons pour garantir le remboursement de ce prêt.
Elles existent toujours aux numéros 40, 42, 46, 50, 52 et 54 de la Grande
Rue actuelle dont l'ancienne poste qui abrite aujourd'hui le musée de la
pince.
9 novembre 1867
Construction d'un nouveau bac pour traverser le Doubs afin de renouveler
le précédent datant de 1850 pour un montant de 1 300 francs.
D'une guerre à l'autre : 1870 - 1918
décembre 1870
Participation de la commune aux frais d'habillement et d'équipement de la
Garde nationale mobilisée dans la Guerre franco-allemande pour une somme
de 1 060,48 francs.
janvier à juin 1871
Menée par le Lieutenant général Wilhelm von Schmeling, la région est
occupée par l'armée prussienne et sa 4ème Division de
réserve.
En février, le village de Champlive doit donner du foin et de la graine
pour nourrir les chevaux des troupes prussiennes.
Quant à la commune de Laissey, elle doit rembourser aux habitants les
frais de réquisitions en argent et en nature qu'ils avaient avancés et qui
s'élèvent à 3 500 francs. Le paiement de cette contribution
forcée réclamée par l'armée prussienne au cours des mois de janvier et
février avait évité le pillage du village.
La commune n'étant pas riche en raison de la baisse d'activité des mines
de fer, elle fait un emprunt de 2 500 francs pour s'acquitter de
sa dette auprès des habitants les plus "aisés" qui avaient payé pour les
plus modestes.
23 septembre 1871
Naissance à la gare de Laissey de Gaston Roupnel, écrivain et historien
ruraliste et moderniste. Son père Auguste est chef de gare à la compagnie
du P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille) et quittera le village quelques années
après, aux grès de ses mutations.
Auteur peu connu du grand public, il écrivit de nombreux ouvrages sur
l'amour qu'il portait à sa campagne et à ses vignes de Gevrey-Chambertin
(Bourgogne) où il résida une grande partie de sa vie.
En 1910, il rata le Prix Goncourt d'une voix pour son roman Nono au
profit d'un autre enfant de la région, Louis Pergaud.
Le 22 décembre 1996, le Conseil municipal inaugura une plaque
commémorative apposée sur la gare qui vit naître Gaston Roupnel.
1872
Cessation de l'exploitation de la mine de Jay-Rouge par La Société
des fonderies et forges du Creusot (filiale de Schneider et
compagnie), le gisement étant jugé peu rentable malgré les lourds
investissements réalisés pour faciliter son exploitation et améliorer sa
productivité.
22 juin 1872
La commune de Laissey gagne un procès esté contre La Société des
fonderies et forges du Creusot.
Bien que n'exploitant plus aucune mine à Laissey, l'entreprise possède
toujours deux concessions juridiquement valides. Par conséquent, elle est
reconnue comme toujours redevable des taxes annuelles d'exploitation.
21 juillet 1872
Naissance à Laissey d'Élisée Bost.
En 1891, à l'âge de 19 ans seulement, le septième enfant de la fratrie
fondera avec ses frères la fabrique d'outils portant son nom.
1874
Le moulin de Laissey remporte définitivement son procès contre les
communes de Champlive et de Dammartin-les-Templiers. Le glissement de
terrain de 80 000 m3 du 18 juin 1852, dû à
la mise en service de la galerie d'évacuation des eaux du Gour, avait
gravement inondé le moulin et impacté son activité.
Les tarifs pour pâturer sur les terrains communaux sont (par animal) :
chèvre : 1 franc.
mouton : 1 franc.
vache : 2 francs.
1874 - 1876
Afin de remplacer le bac de "La Chevanne", trop sujet aux
variations d'humeur du Doubs, un pont suspendu d'une longueur de
81 mètres est construit sur la route de Grande Circulation
n° 30, de Rioz à Vercel.
Après deux années de travaux, il est ouvert à la circulation le 8 juillet
1876.
Afin de rentrer dans ses frais de construction et d'entretien des
installations, la société concessionnaire privée prélève un droit de
passage. Les prix s'échelonnent de 5 cts pour une personne à pied
chargée ou non à 50 cts pour une voiture à quatre roues attelée à un
cheval ou à un mulet.
Le péage rapporte un bénéfice annuel net d'environ 1 200 francs
attestant de son importance et de sa pertinence sur cet axe routier.
1875
En réponse à un arrêté préfectoral réclamant un crédit de
2 800 francs pour la construction du pont suspendu, la commune
se déclare comme ruinée et réserve ses dépenses aux actes les plus
nécessiteux.
La commune n'a plus d'argent et ne sait où en prendre.
Compte-rendu du conseil municipal
14 août 1875
Pour les mêmes motifs, elle refuse également de participer à l'achat de
l'orgue de l'église de Deluz (elle reviendra sur cette décision en 1876).
En octobre, les habitants les plus "aisés" se voient infliger une
imposition extraordinaire afin de payer les 8 000 francs prévus
dès 1866 pour la construction du pont suspendu et dont la commune est
redevable.
Enfin, le 19 décembre, la commune se pourvoit en Conseil d'état afin de
s'affranchir de payer cette dette qui restera ouverte jusqu'en 1884.
8 octobre 1876
Le Conseil municipal élit pour la première fois librement le maire,
Constant Courtot, et son adjoint, Jean-Claude Courtot.
1878
L'usine de tissage Gentelet présente sa production à l'Exposition
universelle de Paris.
20 octobre 1878
Arrêté du maire interdisant aux débitants de boissons d'organiser des bals
publics même pendant les heures d'ouverture réglementaires.
1879 - 1882
Construction au centre du village de la Maison d'école pour un coût de
16 372,42 francs qui sera financé par :
répartition des parts
montant
imposition extraordinaire des habitants les plus imposés
(20 cts sur six ans sur les quatre taxes existantes) :
1 944,80 frs
produit supposé de la vente de l'école actuelle :
1 500,00 frs
ventes de terrain et de coupes de bois :
3 556,00 frs
subventions attendues par la commune :
9 371,62 frs
total du financement :
16 372,42 frs
Le devis sera au final de 16 463,31 francs et l'État
subventionnera les travaux à hauteur de 9 000 francs.
Seul le bâtiment rectiligne en fond de cour est construit. La
configuration actuelle en forme de T sera réalisée en 1910 - 1911 par
l'entrepreneur Brulet pour un coût additionnel de 24 300 francs
dont 14 580 francs pris en charge par l'État. Elle permettra
l'installation de la mairie, d'une classe enfantine, d'une classe pour les
filles et une pour les garçons.
9 février 1879
Le maire réunit tous les habitants du village afin de rechercher ensemble
comment améliorer l'assainissement des eaux de la fontaine du village.
Seules cinq personnes se rendent à cette réunion... La réponse du Conseil
municipal ne manque pas de piquant !
Devant cette obstruction des gens du village sur cette question
primordiale, le Conseil municipal déclare s'en désintéresser
également.
Compte-rendu du conseil municipal
9 février 1879
12 mars 1879
L'avancée à une vitesse éclair des troupes coalisées allemandes lors de la
Guerre franco-allemande de 1870 et la défaite de l'Armée de l'Est (le
Général Bourbaki étant incapable de venir en aide au Colonel
Denfert-Rochereau pour lever le siège de Belfort) démontrèrent toute
l'inutilité de la ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse pour transporter
hommes, munitions et ravitaillements sur le nord de la Franche-Comté, près
des zones de combat.
En effet, du fait de la contrainte de la voie unique, des dizaines de
convois s'empilèrent les uns derrière les autres à la gare de Clerval en
janvier 1871. Étant dans l'impossibilité de refouler les trains vides vers
Besançon, les troupes venues en renfort furent donc contraintes de
terminer à pied dans la neige et par un froid sibérien, l'hiver
1870 - 71 étant particulièrement rude avec des températures de
-20 °C la nuit.
La frontière avec l'Empire allemand s'étant significativement rapprochée
du fait de l'annexion de l'Alsace-Lorraine, la mise en double voie de la
section Belfort-Besançon devint éminemment et militairement prioritaire.
Malgré le coût et les difficultés du fait de l'étroitesse de la Vallée du
Doubs, les travaux sont rapidement engagés et l'intégralité de la ligne
est doublée en 1879.
3 mai 1879
Avec beaucoup de retard, les membres du Conseil municipal envoient une
lettre au nouveau Président de la République, Jules Grévy (élu le 30
janvier...).
Le Conseil municipal de Laissey (Doubs) profondément heureux de votre
élection à la première magistrature de la République vient vous
supplier, Monsieur le Président, d'agréer l'expression de son
dévouement absolu.
Compte-rendu du conseil municipal
3 mai 1879
14 juillet 1881
Organisation de la première fête nationale. Le Conseil municipal vote un
budget de 120 francs pour pavoiser les bâtiments communaux et invite
les habitants à un banquet.
14 mai 1882
La commune attribue pour 10 francs le marché du ramonage à monsieur
Balon de Baume-les-Dames qui s'engage à nettoyer toutes les cheminées du
village.
juillet 1882
Le Conseil municipal vote une subvention de 10 francs pour la
construction à Baume-les-Dames d'un monument dédié à Claude de Jouffroy
d'Abbans (1751 - 1832), inventeur des premiers bateaux à vapeur et à roues
à aubes.
1883
En application de la loi du 30 juillet 1880, le Ministère de l'intérieur
nationalise le pont de Laissey et le rachète à la société concessionnaire
pour un montant de 6 500 francs.
23 décembre 1883
Le Conseil municipal participe pour un tiers à la rénovation de la cloche
et de la charpente du clocher de l'église de Deluz pour des coûts
respectifs de 389 et 123,30 francs. L'actuelle chapelle n'existait
pas et les Laisséens devaient se rendre à Deluz pour assister à l'office
du dimanche
Une somme de 100 francs est votée pour rendre viable la rue
principale devant les maisons de la cité minière par épandage de pierres
et création de rigoles.
2 novembre 1884
Le maire convoque les parents des élèves ayant manqué l'école obligatoire
et laïque instituée depuis la loi du 28 mars 1882 dite
« loi Jules Ferry ».
1885
La production de la mine de Froide-Oreille est au ralenti voire
inexistante à partir de cette date. Elle fut la plus durable de
Franche-Comté et la dernière en activité dans la région.
La légende de la tour Eiffel
La légende raconte que du minerai de Laissey entra dans la composition
du fer puddlé des poutrelles qui servirent à bâtir la tour Eiffel.
Imbroglio ! Le Préfet nomme Amédée Corrotte garde-champêtre avec une
indemnité de 400 francs / an. Vu l'état des finances de la
commune, le Conseil municipal refuse cette nomination. Malin, Alphonse
Robert se présente en ne demandant que 250 francs / an...
Mais, c'est encore trop dispendieux.
Par conséquent, dans sa grande sagesse et jugeant que rien ne presse, le
Conseil municipal décide de faire une affiche pour recevoir d'autres
candidatures dans des conditions plus en rapport avec les finances de la
commune.
Finalement, en septembre 1887 et pour faire face aux maraudages dans les
vignes, Alphonse Robert est nommé garde-vignes de la commune. L'ouverture
des vendanges est fixée au 3 octobre 1887 et le grappillage n'aura lieu
qu'à partir du 15 du même mois.
25 juillet 1887
Les quatre concessions de Laissey, du Jay-Rouge, de Souvance et de Roulans
sont réunies par décret présidentiel et attribuées à Jean-François
Sarrazin et Lucien Besson.
1889
L'usine de tissage Gentelet cesse son activité victime, comme bien
d'autres, de l'arrivée des textiles artificiels et de la concurrence
européenne, plus compétitive.
1891
Élisée Bost et trois de ses frères créent leur propre entreprise de
fabrication de pinces, l'usine Bost. Ils débutent dans les caves de la
maison familiale à Laissey.
Elle sera le moteur de l'économie locale pendant 127 ans avant son
transfert à Besançon en 2018.
Bost ne sera pas la seule entreprise d'outillage du village. Laissey
comptera jusqu'à trois usines de fabrication d'outils, notamment
Schwenninger-Besançon.
mars 1891
Un incendie de forêt, certainement dû à des braises incandescentes
projetées par un train à vapeur, se déclenche sur le mont Souvance. Cinq
hectares de bois sont perdus.
La commune doit rembourser à l'aubergiste Clément Palantin la note de
22,40 francs correspondant aux boissons (essentiellement du vin !)
qu'il avait livré aux habitants assoiffés qui s'étaient portés
spontanément en aide à l'extinction du feu.
1892
Déclins des vignes qui ne rapportent plus rien aux vignerons. Le gel et
les maladies sonnent le glas de cette activité rurale. La commune se voit
dans l'obligation de supprimer l'impôt foncier sur les vignes.
1894
Un projet de construction d'un haut fourneau est évoqué, dernier baroud
d'honneur pour résister à la concurrence féroce de la fonte produite en
Meurthe-et-Moselle, notamment en provenance du bassin ferrifère de Briey,
le plus puissant d'Europe à cette époque.
Malgré des études chiffrées, aucune suite ne sera donnée à ce projet, la
métallurgie au coke (fonte du minerai de fer avec du charbon) ayant
définitivement supplanté la métallurgie au bois.
1894 - 1899
Construction de l'actuelle route menant de Laissey à Champlive et de ses
deux tunnels.
Elle remplace aisément la « vieille route »
construite en 1845 qui, du fait de son étroitesse et de ses pentes raides
(jusqu'à 15 %), était devenue totalement obsolète. Certains convois
attelés préféraient prendre le chemin à travers bois entre Champlive et
Vaire-le-Grand par peur d'un accident.
Avec ses 372 mètres, le grand tunnel fut le plus long de
Franche-Comté jusqu'à la construction du tunnel du Bois de Peu sur la
R.N. 565 à Besançon (voie des Mercureaux).
Différents projets ont été envisagés :
surlignée en jaune sur la carte ci-dessous, la vieille route
devenue inadaptée.
en rouge, le premier projet de 1884. Il fut abandonné, car il
doublait la distance entre les deux villages.
en bleu, le second projet de 1886 qui réutilisait la galerie
construite pour l'évacuation des eaux du Gour murée depuis 1854. Le
Ministère de la Guerre s'y opposa, car il trouvait que cela
facilitait l'arrivée d'éventuels ennemis venant de l'est. La
cuisante défaite subie lors de la Guerre franco-allemande de
1870 - 71 était encore très présente dans les esprits, la
frontière avec l'Empire allemand s'étant significativement
rapprochée du fait de l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
en vert, la route actuelle. Ce projet fut acceptée par les autorités
militaires à deux conditions :
le grand tunnel devait être muni de poudrières pour pouvoir le
faire sauter en cas de danger imminent ;
la vieille route ne devait plus être entretenue pour éviter un
plan B pour des troupes ennemies. Ce qui, dans les faits,
était déjà plus ou moins le cas, car, dans l'attente des
nouveaux aménagements, elle n'était plus entretenue depuis le
début des années 1880.
Le coût des travaux est estimé à 240 000 francs, dont
60 000 francs à la charge de l'État, le reste étant payé par le
département du Doubs.
L'éclairage du grand tunnel est assuré par des lampes à pétrole allumées
par un cantonnier dont la maison se trouve toujours à l'entrée de
Champlive (la première à gauche en sortant du grand tunnel). Un éclairage
électrique alimenté depuis la turbine hydroélectrique des usines Bost
avait été envisagé, mais fut abandonné pour des raisons de coût.
Comme pour l'exploitation des mines de fer, de nombreux ouvriers italiens
travaillent sur ce chantier. Certains d'entre eux s'installent à Champlive
ou à Laissey où ils trouvent du travail à l'usine Bost.
décembre 1895
La commune reçoit un virement de 3 135 francs de la part de
Schneider et compagnie pour les redevances d'extraction du minerai
de fer impayées depuis les années 1870.
1896
Devant faire à face à des soucis administratifs concernant le montant de
la redevance à reverser à la commune de Laissey pour ses différentes
concessions minières (200 francs / an même si les mines ne
sont pas exploitées selon le Décret royal du 9 septembre 1842),
Jean-François Sarrazin jette l'éponge et met un terme définitif à
l'extraction du minerai de fer du bassin de Laissey.
1896 - 1899
Pour résoudre définitivement les problèmes d'inondations de Champlive, une
seconde galerie d'une longueur de 420 mètres est construite afin de
déverser plus en aval les eaux du Gour dans le Doubs et éviter les
éboulements survenus côté Laissey lors de la première mise en service
durant les années 1850-54.
fin des années 1890
Pour faire face au fort accroissement de son activité, l'entreprise
Bost Frères s'installe dans les anciens locaux de l'usine de
tissage Gentelet au bord du Doubs. Cette transaction est facilitée par le
fait que le propriétaire des bâtiments, François Gentelet, n'est autre que
l'oncle de l'épouse d'Élisée Bost, Bénédicte.
Élisée Bost fait également venir de (grandes) familles d'ouvriers
spécialisés dans la fabrication d'outillage à main :
de Montécheroux ou de Saint-Hippolyte (Doubs), villages comptant de
nombreuses usines de fabrication de pinces ;
d'Alsace, pour la fabrication des mèches à bois (les Herbert) ;
de la Haute-Marne, pour les cisailles (les Bauman, Chapuis, Receveur et Schcrer) ;
de Paris, pour les outils à ressorts (les Colombet et Tamamis).
1er mai 1897
Tampon apposé sur le courrier
posté à la gare de Laissey.
Création du bureau de poste de Laissey installé dans l'ancienne maison
communale. Il sera fermé au début des années 2000. Auparavant, le courrier
était expédié et reçu à la gare.
1er février 1899
"Ouverture" du cimetière du village. Jusqu'à cette date, les Laisséens
sont inhumés à Deluz (autour de l'église), Laissey faisant partie de cette
paroisse.
Sa population s'accroissant fortement suite à la création des papeteries
Outhenin-Chalandre, Deluz est contraint de construire un nouveau cimetière
à sa sortie sud.
Trop éloigné du village et jugeant sa participation financière à ces
travaux finalement aussi coûteuse, Laissey décide le 16 mai 1895
de construire son propre cimetière pour 2 500 francs sur quatre
terrains situés à une distance supérieure de 200 mètres des premières
habitations afin de garantir la salubrité publique.
Les prix des concessions sont fixés à :
15 ans : 50 francs.
trentenaire : 75 francs.
perpétuelle : 100 francs.
Jeanne Poulain de Besançon, née Marie Courtot, demande une concession
perpétuelle dans le nouveau cimetière au motif qu'elle a vendu l'une des
parcelles... La commune ne donne pas suite.
années 1900
Élisée Bost souhaite ajouter un logo à sa marque pour la rendre
instantanément reconnaissable.
Il veut utiliser le lion présent sur les armoiries de la Franche-Comté,
mais cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers
s'y opposent afin d'éviter toute confusion avec leur propre emblème. Il
choisit alors un autre félin : un chat. Il fut le symbole de l'outillage à
main de haute qualité pendant près de soixante ans.
1907
Années 1930
Années 1950
1957
Les différentes versions du chat
(de plus en plus ressemblante audit félin).
1900
Le boulanger Auguste Marche prend sa retraite et son fils Félicien lui
succède. En 1934, ce sera le tour de son petit-fils Marcel et enfin du
commis René Doillon (qui épousa Cécile Marche, la fille de Félicien et
sœur de Marcel).
Profitant des grands travaux en cours au village et originaire de Thise,
Auguste Marche ouvre la boulangerie dans les années 1850 - 60.
Auparavant, les habitants, mi-cultivateurs, mi-vignerons, font leur pain
eux-mêmes et les cuisent dans des fours accolés aux maisons.
La production du pain cesse en 1971 avec la retraite de René Doillon qui
exerce son art pendant près de 40 ans ne concédant au progrès que
l'utilisation d'un pétrin mécanique. Boulanger-pâtissier sur des paquebots
dans sa jeunesse, René introduit les couronnes, les flûtes et les
baguettes en plus de la traditionnelle miche de 6 livres. Avec sa
retraite, le fournil reste vide et la boulangerie se transforme en dépôt
de pain. Elle ferme définitivement ses portes en juillet 1989.
1901
Construction du "Chemin neuf de Tremont" dit "Aux carrières de
Souvance", une moitié ayant été réalisée par les habitants, l'autre
par la commune pour 260 francs.
1903
Installation d'une borne fontaine à côté de la fontaine du village.
juillet 1904
Création du corps de sapeurs-pompiers composé de trente membres.
Lieutenant Chef de corps : Paul Boillot.
Sous-lieutenant : Célestin Bost.
Il est inutile de préciser que les quelques réjouissances pour la fête de
la Sainte-Barbe, patronne des sapeurs-pompiers, se déroulaient chaque
année dans une ambiance épique comme l'a relaté lui-même monsieur Pierre
Roche, Chef de corps dans les années 1960.
Le repas de la Sainte-Barbe était pour nous l'événement de l'année !
Le matin, nous partions vendre les calendriers et les libations
offertes par nos clients étaient rarement refusées, ce qui amenait
certains d'entre-nous dans un état d'ébriété latent au moment du
repas.
Celui-ci se faisait alternativement dans les trois cafés du village,
le menu étant composé démocratiquement dans ma classe où je n'avais
pas le droit de vote. J'écrivais au tableau les propositions des
sapeurs et ils votaient selon leur préférence : hors d'œuvre, entrée,
plat de résistance et légumes, fromages et dessert.
Une fois seulement, il y eut problème. Que manger, lièvre ou
sanglier ? Sept voix pour le lièvre, sept voix pour le sanglier et le
scrutin à un seul tour. Je proposais donc de manger les deux,
en commençant par le lièvre, son goût étant moins prononcé.
Approbation sans réserve si ce n'est que, comme il y avait un plat de
plus, il fallait aussi augmenter le lubrifiant et commander quelques
bouteilles supplémentaires. Ce qui fut fait et amena la consommation à
deux bouteilles de Côtes du Rhône par sapeur ce qui était,
contrairement aux apparences, fort raisonnable, car le repas
durait jusqu'à sept à huit heures avant de manger la soupe à l'oignon
pour dégraisser les dents.
Que de bons moments avons-nous passés ensemble ! Nous avions un
invité, le maire, qui tenait plus que honorablement sa place à table
contrairement à Julot qui, ayant chargé un peu trop le matin,
s'endormait malgré le bruit aux asperges et se réveillait au fromage.
Il y en avait deux autres qui avaient un passage un peu pénible où ils
se cherchaient des cognes. Ce n'était qu'un court instant où ils
avaient le vin mauvais. Ils buvaient un verre de plus et retrouvaient
le calme.
Tout le monde était le lendemain au travail et ce lundi était pour mes
copains le jour le plus long de l'année !
Pierre Roche
Chef de corps des pompiers de Laissey
(1956 - ????)
27 juillet 1904
La fête patronale du village est fixée au troisième dimanche de septembre
au lieu de la fin novembre. Les premiers frimas de l'hiver se faisant
ressentir, il est décidé de revenir à une date plus favorable au niveau
climat.
octobre 1904
L'école dénombre 70 élèves de 5 à 13 ans dans la seule classe
existante... Pour la rentrée, une classe enfantine est ouverte dans
l'ancienne maison communale. Marie et Charles Bontemps sont les
instituteurs.
Le bureau de poste déménage chez Cruchand pour un loyer annuel de
90 francs à la charge de la commune et 150 francs à la charge
de l'administration. Il redéménagera Grande rue en 1912 puis à nouveau
chez Cruchand en 1921 !
15 janvier 1905
Pour distraire la population et ses salariés, Élisée Bost fonde la fanfare
L'Amicale des usines de Laissey.
janvier 1910
La crue du siècle ou des siècles cause à Laissey 2 000 francs
de préjudices aux agriculteurs, 75 000 francs de dégâts à
l'usine Bost et met 175 ouvriers au chômage technique pendant quinze
jours. Un dénommé Alexandre Courtot, âgé et sans aucune ressource avec
deux enfants majeurs et infirmes, perd tout son mobilier.
Jamais une cote maximale de 9,57 mètres atteinte à Besançon n'avait
été mesurée auparavant et depuis lors.
10 septembre 1911
Des braises incandescentes projetées par l'express Besançon - Belfort de
12H30 provoquent un incendie de forêt sur le mont Souvance. Attisé par un
fort vent d'est, le feu gagne rapidement les rochers inaccessibles puis la
forêt sur tout son versant sud. Ce n'est que le lendemain, vers midi, que
les gardes forestiers aidés par des pompiers bénévoles et des habitants du
village se rendent maîtres du sinistre. 22 ha 16 de végétation
sont entièrement détruits.
La compagnie du PLM paya à la commune 2750 frs de dommages et
intérêts en compensation d'une perte estimée à 21 années
d'exploitation forestière. Cette indemnisation se révélera bien faible eu
égard au temps de renouvellement de la végétation et les bois sur pied,
pour une grande partie brûlés, seront vendus à vil prix.
1913 - 1923
Le pont suspendu est remplacé par un ouvrage moderne construit en béton
armé.
Du fait des vicissitudes de la Première Guerre mondiale, il fut inauguré
seulement en 1923...
13 et 15 novembre 1913
La construction du nouveau pont n'est pas de tout repos...
Le 13 novembre, de fortes inondations emporte une péniche chargée de
40 tonnes de marchandises. Puis, le 15, c'est au tour de l'un des
échafaudages construits pour couler une des piles du pont qui est détruit.
Des madriers arrivent jusqu'à Besançon et détruisent la barque lavandière
La Comtoise.
En quelques jours, l'entrepreneur perd 20 000 francs auxquels il
faut ajouter 15 à 20 000 francs de dégâts à Besançon.
1914 - 1918
La Première Guerre mondiale éclate. De nombreux groupes de protection se
constituent tout au long de la ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse pour
surveiller les installations. Dans la majorité des cas, ce sont d'anciens
militaires ou des volontaires trop âgés pour partir au front.
27 juin 1915
⛪
Le dimanche, une grande procession de la Fête-Dieu est organisée.
16 mai 1917
Décès des suites de maladie à Royan du médecin et enfant de Laissey
Francis Sarrazin. Il était l'époux d'Antoinette Lorrain, la sœur aînée
d'Yvonne Lorrain, la mère de François Mitterrand.
Il est inhumé dans le tombeau familial des Lorrain à Jarnac (Charente) au
côté de l'ancien Président de la République.
22 juin 1918
Naissance à Laissey de l'aviateur Pierre Boillot, as français de la
Seconde Guerre mondiale.
Aux côtés des troupes alliées lors de la Seconde Guerre mondiale, il fut
crédité de treize victoires homologuées, dont deux personnelles, et d'une
victoire probable obtenues au cours de 390 missions et 532,50 heures
de vol de guerre.
Terminant au grade de Colonel, il entre comme conseiller militaire à la
Société des avions Marcel Dassault jusqu'à sa retraite en 1983. Il décède
le 1er septembre 1994 à Fontenay-le-Fleury (Yvelines) dans
sa 77ème année.
Depuis 1995, la place principale du village porte son nom : Place du
Colonel Pierre Boillot. L'inauguration eut lieu le 8 mai 1995 en
présence de quelque 300 personnes (personnalités politiques et militaires,
compagnons d'armes, militaires de la base de Luxeuil, ...).
11 novembre 1918
🏳️
L'armistice est signé mettant fin à la Première Guerre mondiale.
Au total, 20 Laisséens civils ou militaires ont donné leur vie pour la
France lors de ce conflit, soit 3,7 % de la population de Laissey.
Ce pourcentage se situe dans la moyenne basse de la région. En effet, à
l'image de nombreux villages industriels de la Vallée du Doubs, l'activité
de l'entreprise Bost nécessitait une main-d'œuvre qualifiée. En faisant
revenir du front les ouvriers, les techniciens et les cadres nécessaires
au fonctionnement de l'usine, elle permit à certains d'éviter les affres
de la guerre.
Des Années folles à la Seconde Guerre mondiale : 1918 - 1945
années 1920
Soucieuse du bien-être de ses salariés, l'usine Bost construit plusieurs
maisons ouvrières pour y loger son personnel dans un tout nouveau quartier
sur les hauteurs du village, le Quartier du Maroc également appelé
la Cité du Maroc.
Il était habituel à cette époque d'appeler les cités ouvrières ou
cheminotes Quartier du Maroc. De nombreuses villes françaises
possèdent une rue, un quartier ou une cité du Maroc :
Champigny-sur-Marne, Le Cateau-Cambrésis, Le Mans,
Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ... Et, plus proche de Laissey, Liebvillers
près de Saint-Hippolyte.
Si, dans certains cas, Maroc a pour origine les maraîchers ou les Maures
d'Espagne (les « Marocains »), il n'en est
rien pour Laissey. Gageons que Élisée Bost n'a fait que suivre la mode
en vigueur et l'attirance exotique envers ce pays mis sous protectorat
franco-espagnol en 1906.
On notera également que le Quartier du Maroc, toujours ensoleillé
et ce quelque soit la saison, vient naturellement contrebalancer
l'obscurité hivernale du Quartier Nègres (le bas du village), le
substantif nègre venant de l'adjectif latin niger qui signifie
noir ou sombre.
janvier 1920
L'usine Bost prive le village d'éclairage public, qu'elle fournit
gratuitement, en retirant les ampoules des lampadaires ! La commune
réplique en lui demandant de retirer les poteaux placés sur les terrains
communaux.
Il semble que ces chamailleries viennent, d'une part, de l'expropriation
d'un terrain appartenant à Élisée Bost dans le cadre de l'agrandissement
du cimetière et, d'autre part, du fait que son frère Émile n'ait pas été
reconduit dans ses fonctions de maire du village.
février 1921
Un an après l'avoir coupée, l'usine Bost rétablit la lumière dans le
village moyennant une indemnité « par principe » de
50 francs / an payée par la commune.
1922
L'activité ferroviaire étant très soutenue, deux voies de garage sont
créées de chaque côté de la voie principale existante à sortie du village
en direction de Deluz. Elles existent toujours !
1923
Du fait des aléas de la Première Guerre mondiale, le pont moderne
construit en béton armé est enfin inauguré après dix années de travaux.
1924
François Soulier reprend la succession du Café de la gare
auparavant tenu par Marie Noël, veuve Marche.
1925
Début des études pour l'alimentation en eau potable du village par
installation de bornes-fontaines à chaque coin de rue et réalisation d'un
lavoir couvert. Le projet sera abandonné en fin d'année, son coût n'étant
pas dans les possibilités financières de la commune.
1925
Maxime Champion transforme le restaurant de Dominique Déray en Café des
sports. Camille Courvoisier reprendra l'affaire en 1937, puis à
nouveau Maxime Champion.
11 novembre 1925
Après de nombreuses vicissitudes, le monument aux morts polychrome en
hommage aux morts pour la France de la "Grande Guerre" est inauguré.
Son coût de 6 300 francs fut financé en partie par une
souscription populaire avec l'aide de troncs déposés chez les commerçants
du village.
1926
Avec 586 habitants, Laissey est à son apogée et compte :
3 auberges : François Soulier (Café de la gare), Maxime Champion
(Café des sports) et Palantin.
2 épiceries : Corrotte et Docks Francs-comtois.
1 boulanger : Félicien Marche.
1 tabac : Louis Courtot.
3 cordonniers : Hamann, Troncin et Vaugier.
2 mécaniciens : Auguste Beurrier (réparation de bicyclettes) et G.
Robert.
1 marchand de vin : Armand frères.
1 ferronnerie : Jules Boulanger.
3 fabriques d'outils : Bost frères, Ducommun et Marty.
7 février 1927
La commune passe un contrat de quarante ans avec la société privée Société Électrique
de Belchamp pour l'alimentation en électricité du village. L'usine
Bost n'est pas concernée étant autonome grâce à sa propre centrale
hydroélectrique.
Un emprunt de 90 000 francs sera souscrit pour les installations
aériennes (poteaux et fils).
janvier 1928
La commune fait l'acquisition d'un appareil de projection de cinéma pour
l'école pour un coût de 1 250 francs.
années 1930
Constitué au départ de quelques maisons, le Quartier du Maroc s'agrandit
pour faire face aux besoins en logement des ouvriers de l'usine Bost,
toujours plus nombreux pour répondre à l'activité soutenue.
11 avril 1930
Un dramatique déraillement d'un train de voyageurs survient dans la
matinée entre le tunnel ferroviaire et le passage à niveau actuels. Une
portion de la voie ferrée avait été démontée par l'équipe d'entretien sans
respecter les consignes de sécurité...
On dénombre huit morts, quarante blessés graves et de nombreux blessés
légers, des réservistes du 35ème R.I. de Belfort, du
152ème R.I. de Colmar et du 4ème B.C.P. de
Neuf-Brisach qui rentraient à la maison après une période d'instruction au
camp de Valdahon.
Ce fut le plus grave accident que la ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse
ait jamais connu.
14 avril 1930
Les obsèques des huit militaires décédés dans l'accident ferroviaire du 11
avril sont célébrées à Besançon dans la chapelle de l'hôpital
Saint-Jacques.
Sont présents le Maréchal Pétain (nous sommes en 1930 et il est encore le
héros de la "Grande Guerre"...), Georges Pernot, député du Doubs et
ministre des Travaux Publics, et le Cardinal Binet.
28 juillet 1930
Bien que toutes les responsabilités n'aient pas été clairement établies,
le Tribunal du Doubs rend son jugement à propos de l'accident ferroviaire
du 11 avril.
Le cantonnier Cappi est condamné à six mois de prison et 300 francs
d'amende pour avoir, par l'inobservation du règlement, provoqué le
déraillement du train militaire.
Le cantonnier-chef Puncet est condamné à un mois de prison et à
100 francs d'amende, car il n'aurait pas dû confier la surveillance
des travaux au cantonnier Cappi.
1933
Le niveau de l'équipe de football de Laissey est tel qu'elle est invitée
par Sochaux à jouer en matchs amicaux contre Bratislava et Prague au stade
Auguste-Bonal.
5 novembre 1934
Un incendie se déclare à la boucherie Louis Grillot. Son logement est
également touché.
1936
Suite à la victoire du Front populaire, Élisée Bost s'oppose fermement à
l'idée d'octroyer quinze jours de congés payés à ses salariés. Une grève
de quinze jours éclate au sein de l'entreprise. Il faut faire appel au
préfet pour renouer le dialogue entre les différentes parties. La
dissension est telle que lors d'une réunion, Élisée Bost brandit un
revolver et menace de se suicider !
février 1939
Les travaux du premier réseau d'égouts du village au Quartier du Maroc et
à l'école communale sont réceptionnés.
Une enquête d'utilité publique pour l'alimentation en eau potable du
village « à domicile » est ouverte. Le coût est
astronomique : 591 300 francs !
Un corbillard hippomobile est acheté pour 2 700 francs.
1939
Une nouvelle croix
de Souvance en 1985.
L'abbé Bailot aidé de quelques paroissiens érigent une croix au sommet du
Mont Souvance afin de protéger la Vallée du Doubs et ses habitants des
malheurs de la guerre qui s'annonce.
Ne pouvant résister éternellement aux affres du temps et aux conditions
climatiques, elle fut remplacée successivement en 1970, en octobre 1985 et
en juin 2012 par de courageux volontaires.
Puis, elle est à nouveau remplacée en mars 2021 suite à un acte de
vandalisme, des sauvageons n'ayant pas trouvé mieux que de scier les croix
de Deluz et Laissey...
Pour cette dernière installation, un hélicoptère transportera le matériel,
soulageant ainsi fortement le travail des bénévoles.
janvier 1940
L'entreprise Bost est fortement endommagée par un incendie que les
pompiers ont beaucoup de mal à maîtriser. Le froid glacial qui sévit
(-25 °C) gèle l'eau au bout des lances d'incendie ! L'atelier de la
lime est le plus touché. La cause de cet incendie est vraisemblablement un
chiffon de meuleur qui se consuma doucement sur un tabouret et s'enflamma
tard dans la nuit.
Ce fut l'une des rares voire la seule fois où l'on vit Élisée Bost
pleurer, les larmes gelant dans sa moustache.
mai et juin 1940
C'est la fin de la « drôle de guerre ». L'offensive
allemande débute avec la bataille de France et sa fameuse tactique,
irrésistible, la « Blitzkrieg »
Il s'en suivra une période de troubles avec la grande débâcle des troupes
françaises.
18 décembre 1941
Vote d'une dépense de 250 francs pour l'achat du portrait du
Maréchal Pétain.
1943
En application des lois vichystes du Président du Conseil des ministres
Pierre Laval concernant le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire),
quatorze employés de l'usine Bost de tous âges, dont une femme, sont
requis et envoyés contre leur gré en Allemagne nazie.
Élisée Bost établit lui-même la liste des partants, essentiellement des
communistes à qui il reproche de provoquer des troubles et qu'il veut
éloigner de son usine. En 1945, ne s'attendant pas à les voir revenir, il
fut particulièrement inquiet à leur retour d'un éventuel désir de
vengeance.
14 juillet 1943
La Fête nationale est célébrée par quelques courageux musiciens de
L'Amicale des usines de Laissey et l'association de la Jeunesse
ouvrière chrétienne (JOC) qui organisent une retraite aux flambeaux
alors que toute manifestation patriotique est formellement interdite par
l'occupant.
19 septembre 1943
Vers 16H30, un planeur allemand est contraint d'atterrir par suite du
mauvais temps à 150 mètres de Laissey, sur la rive gauche du Doubs.
Les deux occupants sont sains et saufs. L'appareil, qui n'a pas subi de
dégâts, est récupéré par les autorités allemandes le 20 septembre.
15 novembre 1943
Par Arrêté du Chef du gouvernement, le Conseil municipal est dissous et
remplacé par une Délégation municipale présidée par Jacques Bost avec
Marcel Bost et Louis Courtot pour membres.
Quand des wagons-foudres percés mènent à la prison de la Butte...
Pendant la guerre (et après), les trains de marchandises stationnaient
souvent durant la nuit sur les voies de garage de la gare de Laissey.
Certains étaient constitués de wagons-foudres.
Le wagon-foudre est l'ancêtre du wagon-citerne et permettait le
transport du vin dans de grosses barriques réalisées selon la
technique de la tonnellerie.
Il était alors facile de voler du vin en faisant un trou avec une
chignole dans le bois, récupérer le bon liquide avec un seau et
reboucher son méfait avec une cheville.
Quelques amateurs de bons vins s'y rendirent une nuit et furent
arrêtés (peut-être par la Gendarmerie française). Ils se retrouvèrent
en prison à la Butte à Besançon.
Le "Turc", surnommé ainsi parce qu'il était grand et fort, avait
échappé à la rafle.
Furieuse que son mari soit en prison et que le "Turc" n'ait pas été
pris, la Louise* alla le dénoncer. Prenant conscience de
son acte, elle fût prise de remords... Hélas trop tard : le "Turc"
rejoignit ainsi ses amis d'infortune à la Butte.
Les voleurs ont dû faire une quinzaine de jours de prison. En ces
temps troublés, le risque était cependant grand, car, outre les
conditions de détention précaires, les Allemands n'hésitaient pas à
fusiller des otages en guise de représailles.
Le lendemain de ce méfait, la gendarmerie perquisitionna les maisons
du village pour retrouver tous les participants à ce vol de vin. Le
Léon* en avait partout dans sa maison et même une pleine
soupière sur la table, mais heureusement pour lui, les gendarmes ne
se rendirent compte de rien...
* Par respect pour eux et leurs descendants, les prénoms
des protagonistes ont été modifiés.
19 juin 1944
Par un temps pluvieux et un plafond bas, un Junkers Ju 52 allemand
volant sud-ouest en direction de Besançon accroche la crête des arbres et
se crashe sur un versant du Pic d'Aigremont.
Les neuf occupants sont blessés et trois d'entre eux sont hospitalisés à
Besançon. L'épave sera ferraillée sur place au fil des années, les
habitants du village récupérant certaines tôles ou pièces pour bricoler.
27 août 1944
Des troupes S.S. en retraite prennent en otage et fusillent sept personnes
à Séchin dont son maire et le Laisséen Eugène Curty qui assistait à un
enterrement. Ce dernier a la particularité d'être inscrit à la fois sur
les monuments aux morts de Laissey et de Séchin.
5 septembre 1944
A 13H30, afin de couvrir leur retraite vers la frontière suisse, les
soldats allemands font exploser la moitié du pont, côté Laissey, à l'aide
d'un canon de 75 ou d'explosifs. La 11ème Panzer division avait
alors rétabli la liaison avec le groupement n° 110.
En attendant d'éventuels travaux, les habitants font encore une fois appel
à un bac pour rétablir la circulation entre les deux parties du canton.
7 septembre 1944
🏳️
Le village de Roulans est libéré de l'occupation nazie avec l'arrivée des
premiers soldats.
Par analogie, il en est certainement de même pour Laissey dans les heures
qui précèdent ou qui suivent. D'autant plus que toutes les unités alliées
se dirigent vers Baume-les-Dames où les combats sont très intenses, la
ville n'étant libérée que le 9 septembre après une résistance
farouche des dernières troupes allemandes fanatisées.
Libérés par des Français ou des Américains ? Débarqués en Provence en
août 1944, sont présents dans la région :
la 1ère Armée française sous les ordres du général
de Lattre de Tassigny avec les 1ère, 3ème et
9ème Divisions d'infanterie et quelques éléments de
la 1ère Division blindée.
le 6ème Corps d'armée américain avec les
3ème, 36ème et 45ème Divisions
d'infanterie.
29 octobre au 8 novembre 1944
En seulement dix jours, les 5ème et 6ème Compagnies
du 152ème Régiment du génie font une réparation de fortune et
provisoire du pont endommagé (qui persistera 24 ans...) en reliant les
deux rives à l'aide d'une passerelle métallique et un plancher en bois.
Il fait partie des ponts qui, dit-on, « font du
bruit », la moindre secousse faisant craquer toute l'ossature à
chaque passage d'un véhicule.
29 avril 1945
Rétablissement d'un Conseil municipal. Le nouveau maire est Gustave
Robert.
8 mai 1945
🏳️
Victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et fin de la Seconde Guerre
mondiale en Europe avec par l'annonce de la capitulation de l'Allemagne.
Si la Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier de
l'histoire, la France fut moins sévèrement touchée que lors de la "Grande
Guerre". Quatre Laisséens civils ou militaires ont donné leur vie pour la
France lors de ce conflit (20 morts lors de la Première Guerre mondiale).
1945
Suite à la nationalisation des Forges de Franche-Comté, les quatre
concessions des mines de fer de Laissey (Jay-Rouge, Laissey, Souvance et
Roulans) sont attribuées à Électricité de France (EDF). Cependant,
les familles Besson, Sarrazin et Thiébaut en restent malgré tout les
propriétaires.
Cette situation ubuesque valut une bataille juridique entre ces familles
et EDF afin de contraindre cette dernière à prendre en charge la mise en
sécurité des sites comme elle s'y était engagée.
L'accès aux mines de fer est strictement interdit. Outre les
dangers éventuels dus à l'absence d'entretien des galeries, l'arrêté
préfectoral de protection de biotope DADUE/4B/n° 5024 du
13 octobre 1988 proscrit toutes actions ou tous travaux
pouvant porter atteinte à la tranquillité et à la survie des nombreuses
chauves-souris qui y ont trouvé refuge.
Les informations données dans cet article ne sont destinées
qu'à apporter un éclairage historique sur cette période industrielle de
Laissey.
Écoulement des eaux d'inondation du plateau de Champlive 1844 - 1903
(Archives départementales du Doubs).
Bulletin des lois du Royaume de France, deuxième semestre 1846,
tome 33, n° 1306 à 1354 (pages 305 à 338).
Lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État,
année 1852, tome 52 (J. B. Duvergier).
Lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État,
année 1853, tome 53 (J. B. Duvergier).
Lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État,
année 1854, tome 54 (J. B. Duvergier).
Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Doubs,
session de 1852 (pages 54 à 55).
Annales des mines, cinquième série, tome X (Ministère des travaux
publics, 1856).
Annuaire du Doubs et de la Franche-Comté (Paul Laurens, 1858).
article du quotidien La Franche-Comté du 7 novembre 1862.
Annales des mines, sixième série, tome III (Ministère des travaux
publics, 1863).
article du quotidien La Franche-Comté du 7 novembre 1862.
Itinéraire général de la France, de Paris à la Méditerranée
(1863).
Bulletin des lois de l'Empire français, deuxième semestre 1869,
tome XXXIV, n° 1735 (pages 122 à 124).
Recueil des actes administratifs de la Préfecture du Doubs, année
1876, n° 19 (pages 314 à 317).
Mémoires de la Société d'Émulation du Doubs, sixième série,
quatrième volume (Imprimerie Dodivers et Compagnie, 1879).
Registres du commerce de Laissey (1877, 1889, 1906, 1917, 1921 et 1933).
Jurisprudence générale, recueil périodique et critique, volume de
1888, deuxième partie, Cours d'appel.
Notice sur les mines de fer de Laissey (Doubs) : projet
d'établissement de haut fourneau (F.S., 1894).
Rapport sur les opérations effectuées pour le rachat des ponts à
péage dépendant des chemins vicinaux (Ministère de l'intérieur,
1889, pages 36, 37 et 53).
Annuaire des artistes et de l'enseignement dramatique et musical
(Émile Risacher, 1906).
Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Doubs,
session d'avril 1911 (pages 175 à 177).
revue La construction lyonnaise du 1er juin 1911, tome
27, n° 11 (pages 128 et 129).
article du quotidien Le Figaro du 10 octobre 1911.
article du quotidien Le Petit Parisien du 12 avril 1930.
article du quotidien Dimanche Illustré du 20 avril 1930.
article du quotidien L'Avenir du Plateau central du 29 juillet 1930.
Histoire de Deluz et Laissey (abbé Claude Gilles, 1968).
A.S.E., bulletin n° 12 (Association spéléologique de l'est,
1975).
L'électrification du département du Doubs : 1894 - 1946
(Catherine Vuillermot, Unité d'Appui et de Recherche Persée, 1985).
Mémoire en images : Baume-les-Dames et ses environs (Patrice
Belzacq, Éditions Alan Sutton, 2000).
Mémoire en images : le pays de Baume-les-Dames (Patrice Belzacq,
Éditions Alan Sutton, 2002).
Entretiens avec Jean Sarrazin (J.-M. Gautherot, 2010).
nombreuses notes (précieuses !) de monsieur Guy Racine.
Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
articles du quotidien L'Est Républicain.
comptes-rendus des Conseils municipaux du village de Laissey.
articles des bulletins municipaux du village de Laissey.
archives municipales du village de Dammartin-les-Templiers.
archives du service de la navigation de Besançon Saint-Paul.
ensemble des articles Wikipédia concernant l'histoire de
Baume-les-Dames, de
Besançon et de la
Franche-Comté
ainsi que tous ceux concernant divers éléments ou faits historiques.