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Son histoire : des âges préhistoriques à l'Antiquité
 
De ces temps très anciens (préhistoire et protohistoire) à l'apogée de la civilisation gréco-romaine sans oublier la conquête de la Gaule par Jules César.
Sommaire
La période préhistorique
Peu d'informations existent sur cette période de Laissey. Seule la présence d'une pierre taillée, visible au Musée des beaux-arts de Besançon, atteste d'une présence humaine à cette période. Cependant, il est impossible de déterminer si une communauté était présente à demeure ou si quelques individus séjournaient régulièrement sur les bords du Doubs et s'approvisionnaient en poissons avant de repartir vers leur tribu sur les plateaux. Les peuplades de cette époque agissaient souvent par opportunisme suivant les bienfaits que pouvaient leur apporter un lieu.

50 000 ans avant notre ère, durant la période du paléolithique moyen, le passage de chasseurs-cueilleurs a été attesté à Besançon. Peut-être certains groupes ont-ils cheminé le long de la Vallée du Doubs et donc transité par Laissey ?

De même, cette vallée étant un site idéal de peuplement par la présence d'eau en abondance et de forêts, des traces d'habitat datées de 4 000 ans environ avant Jésus-Christ ont été révélées par des fouilles au pied des collines de la Roche d'Or et de Rosemont, toujours à Besançon. En était-il de même à Laissey ?

La période protohistorique

En Europe occidentale, la protohistoire désigne la période postérieure à la préhistoire et antérieure à l'histoire. Elle démarre au néolithique et se poursuit durant l'âge du bronze et l'âge du fer.

Ce n'est que très récemment, en 1980, 1985, 1986, 1991 et 2001, que des opérations de prospection et de sauvegarde ont été menées dans la région de Laissey, notamment au sommet du mont Souvance là où se trouve actuellement "La Croix". Elles révélèrent un camp protohistorique de 19 300 m2 délimité par un mur en pierres sèches.

En 1980, une faucille, des fibules et une pointe de flèche, toutes en bronze, ainsi que des éléments lithiques et des tessons de céramiques découverts en surface confirment une occupation dès le néolithique, puis à l'âge du bronze et à l'âge du fer.

[Fibule]
Exemple de fibule.
En 2001, des recherches à l'aide de détecteurs de métaux dans les pentes autour du site permirent la découverte de 3 416 objets et fragments d'objets de toutes époques et tout particulièrement du bronze final et du premier âge du fer, notamment un morceau de bracelet du bronze final au pied du mont Souvance.

Le site se révèle tout à fait exceptionnel. En effet, pas moins de 205 fibules, ancêtres des épingles à nourrice, datant de l'âge du fer jusqu'à la période gallo-romaine ont été trouvées. Par le nombre des fibules découvertes, le site du mont Souvance se place comme le deuxième site européen, derrière le site de la Heuneburg en Allemagne (environ 460 fibules) et à égalité avec le site de Vix en Côte-d'Or (environ 200).

Des prospections complémentaires réalisées sur le pic d'Aigremont, faisant face au mont Souvance, permirent la découverte de divers petits objets datant de l'âge du bronze.

Qu'en conclure ? Dominant la Vallée du Doubs et lieu de vigie, le site de Souvance était très certainement un site occupé par quelques familles ou quelques guerriers. En effet, la découverte de ces nombreux objets et fragments suggère une occupation organisée de l'ensemble du site. De plus, la présence à proximité de l'eau et de la forêt leur apportaient toute la nourriture dont ils avaient besoin.

Les prémices du village de Laissey ne se trouvaient donc peut-être pas là où il se situe actuellement, mais dans la montagne, en haut du mont Souvance.

[Mont Souvance et Pic d'Aigremont]
Le Mont Souvance, à gauche, et le Pic d'Aigremont, à droite : deux postes d'observation
certainement très appréciés (15 mai 2005).
Le Mont Souvance, à gauche, et
le Pic d'Aigremont, à droite : deux postes
d'observation certainement très appréciés
(15 mai 2005).
La conquête de la Gaule par Jules César
[Jules César] Au IIème siècle avant notre ère, la Franche-Comté était la possession des Séquanes, l'un des peuples gaulois qui contrôlait un vaste territoire s'étendant entre le Rhône, la Saône, le Jura et les Vosges.

Vesontio, l'actuelle Besançon, était alors le centre économique de la Séquanie. Occupée en 59 avant Jésus-Christ par Arioviste et ses Suèves, puis par les Eduens, Jules César en fit la conquête en 58 avant Jésus-Christ.

Il faut se référer à ses écrits et notamment à son ouvrage de référence Commentaires sur la Guerre des Gaules - Livres I et V, pour se faire une idée de ce que pouvait être Laissey à cette période.

Après la conquête de Vesontio, il décida de poursuivre sa conquête de la Gaule vers le nord pour s'emparer de la totalité de la Séquanie et repousser définitivement les Germains, commandés par Arioviste et venant des bords du Rhin.

À l'annonce de cette nouvelle, ses troupes prirent peur. En effet, la région s'étendant de Besançon à Montbéliard était couverte de forêts et de marais et la rendait très difficile d'accès. La terreur des soldats romains était amplifiée par les récits sur la force et le courage des combattants Germains. Utilisant les rares sentiers existants, il fallut sept jours à Jules César et à ses hommes pour atteindre Montbéliard et se heurter à ses ennemis dans une bataille sanglante dont il sortit vainqueur.

La région n'étant guère accueillante, il ne vit (et incendia !) que quelques fermes isolées. Bâties en terre glaise et recouvertes de chaume, elles se trouvaient systématiquement au sommet d'une colline ou près d'un point d'eau. Il ne traversa (ni n'incendia !) aucun village tout au long de son parcours.

Jules César a-t-il passé voire séjourné à Laissey ? Il y a peu de chance que ce soit le cas, même s'il passa tout près. En effet, la route que lui et ses troupes empruntèrent était sans doute les prémices de l'une des quatre fameuses voies romaines de la Gaule, la Via Agrippa, que le général Agrippa, sous le règne de l'Empereur Auguste, fit réaliser. Celle du Rhône au Rhin quittait Vesontio vers l'actuel quartier Palente, puis passait par Thise, Roche-lez-Beaupré, Les Longeaux, Roulans (à 2,5 km de Laissey), Luxiol, Pompierre, Rang et ce jusqu'à Mandeure. De Besançon à Roulans, il est intéressant de noter que le tracé de l'ex-route nationale 83, actuelle route départementale 683, se superpose à peu de choses près à cet ancien axe romain.

[La voie du Rhône au Rhin]
La voie romaine du Rhône au Rhin, de Vesontio (Besançon) à Epomanduodorum (Mandeure)
via Loposagium (Luxiol).
Le récit de Jules César dans ses annales militaires permet de tirer quelques conclusions sur l'environnement de Laissey. La région n'était donc que très peu habitée et aucun regroupement de maisons n'existait. Par conséquent, il est possible qu'une ferme soit présente au bord du Doubs ou en haut du mont Souvance. En effet, au cours des recherches effectuées, 99 deniers républicains ainsi qu'un dépôt monétaire constitué de 104 deniers romains des IIème et Ier siècles avant notre ère accompagnés de clous d'un probable coffret ont été découverts. Ainsi, si la région était hostile, elle n'en était pas moins modestement habitée ou parcourue par des voyageurs.
La période gallo-romaine
[Carte de la Gaule romaine]
Cliquez pour agrandir
la carte.
Impressionné par le site stratégique de Vesontio, et notamment par la possibilité d'y établir une citadelle militaire, Jules César lui confirma son rôle de capitale de la Séquanie et de carrefour d'échanges de la Gaule romaine. La ville connut alors un âge d'or et devint l'une des plus grandes villes de la Gaule belgique puis de la province de Germanie supérieure. Elle compta jusqu'à 2 000 habitants, ce qui peut prêter à sourire face aux 120 000 habitants actuels...

Vesontio ne fut pas la seule à profiter de l'influence romaine. Naguère hostile, la construction de la route du Rhône vers le Rhin en 39 et 38 avant notre ère désenclava toute la région et permit son développement en quelques années seulement.

Ainsi, on retrouve de nombreuses traces d'habitat datant de cette période à Laissey. Les recherches récentes en haut du mont Souvance permirent de découvrir de nombreux objets :

  • des fibules romaines ;
  • un sesterce datant de l'époque flavienne (69 - 96) ;
  • un sesterce datant de l'Empereur Lucius Aelius Aurelius Commodus (180 - 192) ;
  • un sesterce datant de l'Empereur Caracalla (211 - 217) ;
  • un sesterce datant de l'Empereur Maximin le Thrace (235 - 238).
Sans aucun doute, les Romains continuèrent à faire du mont Souvance un lieu de vigie privilégié pour surveiller toute la Vallée du Doubs. Peut-être par la présence d'un poste militaire avancé destiné à protéger Vesontio ?

En 1990, une prospection aérienne permit de mettre au jour les traces d'une ancienne villa gallo-romaine sous l'actuel terrain de football. En 1995, de nouvelles photographies permirent la découverte de nouveaux bâtiments. De même, dans le village voisin de Deluz, on note les traces d'une très ancienne route qui permettait de relier la Vallée du Doubs à la voie romaine présente sur le plateau au lieu-dit Les Longeaux ainsi que la présence d'une villa dans le sud de Deluz.

[Villa gallo-romaine]
Villa gallo-romaine sous l'actuel
terrain de football (P. Augé).
Les villaes démontrent une forte romanisation des campagnes. Elles étaient très nombreuses dans la Vallée du Doubs et de l'Ognon (près d'une cinquantaine). Cependant, il ne faut pas confondre les pars urbana, luxueuses et confortables demeures qui se trouvaient dans les villes, aux pars rustica du milieu rural. Celles de Laissey et ses consœurs n'étaient en fait que des fermes, parfois de conception rudimentaire, parfois de type italien pour les moins rustiques. Elles étaient chargées d'approvisionner Vesontio en céréales et en bétails.
[Détail de la villa gallo-romaine]
En rouge, détail de la villa gallo-romaine sous l'actuel terrain de football.
Bibliographie et crédits photographiques
  • Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres I et V (Jules César, 58 à 50 avant Jésus-Christ).
  • Histoire de Deluz et Laissey (abbé Claude Gilles, 1968).
  • La Franche-Comté au temps des Archiducs Albert et Isabelle (Paul Delsalle, Presses universitaires de Franche-Comté, 2002).
  • Carte archéologique de la Gaule - Le Doubs et le Territoire de Belfort (Lydie Joan, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2003).
  • ensemble des articles Wikipédia concernant l'histoire de Baume-les-Dames, de Besançon et de la Franche-Comté ainsi que tous ceux concernant divers éléments ou faits historiques.
  • articles du quotidien L'Est Républicain.
  • articles des bulletins municipaux du village de Laissey.
  • crédits photographiques :
    • droits réservés pour les ayants droit non identifiés.
    • P. Augé pour la photographie de la villa gallo-romaine sous l'actuel terrain de football.

 
Dernière mise à jour : le 15 septembre 2024