Ses entreprises : le moulin et l'usine de tissage Gentelet
Dès le XVIème siècle, l'utilisation de l'énergie hydraulique des
eaux du Doubs permit à un moulin puis à un atelier de tissage de s'installer sur
l'actuel emplacement de l'usine Bost. Cette dernière occupa le site pour les
mêmes raisons.
Les premières preuves de l'existence d'un moulin remontent à l'acte Extrait
du dénombrement de la terre et seigneurie de Laissey et Deluz daté du
2 janvier 1584. Il mentionne la présence de moulins à Deluz et
Laissey, sans plus de précision.
Il faut attendre le 25 mars 1700 pour trouver une description un peu plus
complète de l'environnement du moulin :
...joignant des vignes du même nom et par des autres champs dit en Champrond
au joignant du moulin et de midi par les champs et vignes de Laissé...
Déclaration et figures des bois
de la communauté de Laissez
25 mars 1700
En 1777, les moulins, les usines et les dépendances sont en ruines. Un éventuel
repreneur s'engagerait à :
...moudre tous les grains nécessaires au seigneur, riber ses chanvres,
huiler ses huiles et dans le cas où le preneur construirait une rasse,
seront tenus de rasser les planches dont le seigneur pourrait avoir besoin.
Acensement de 1777
acensement :
désigne, sous l'Ancien Régime, la concession de la jouissance d'une
terre moyennant une redevance, le cens.
ribe :
meule servant à broyer le chanvre.
rasse :
scie en ancien français. Rasser veut dire scier.
Reconstruit après la Révolution française, le moulin se compose de quatre
tournants à blé et d'une ribe dès l'An IV (1796).
Entre 1821 et 1861, Pierre Simon en est le propriétaire. L'Ordonnance du
19 février 1836 recense quatre paires de meules et une ribe auxquelles
s'ajoutent une huilerie et une scierie. Ces installations mécanisées marquent
les débuts de l'industrialisation du village.
Un procès verbal du 30 juillet 1860 constate l'addition de deux meules aux
installations existantes, soit un total de dix meules. Le système hydraulique se
compose de six roues à aubes planes disposées dans trois coursiers et alimentées
en eau par trois vannes de fond.
Le coursier d'un moulin à eau est un déversoir caréné de façon à ce que l'eau
frappe les aubes des roues hydrauliques avec un rendement maximum.
Entre 1861 et 1864, Antoine Mourreau est le propriétaire du moulin.
Le 18 juin 1852, le lit du Doubs est totalement obstrué par un glissement de
terrain de 80 000 m3 inondant toute la partie amont, en
particulier le moulin.
Ces éboulements sont dus à la mise en service de la galerie d'évacuation des
eaux du Gour entre Champlive et Laissey à partir de 1850.
En 1874, le moulin de Laissey remporte définitivement son procès contre les
communes de Champlive et de Dammartin-les-Templiers.
L'usine de tissage Gentelet
En 1821, une usine de tissage mécanique de coton s'implante dans la plus pure
tradition de l'industrie textile lyonnaise du XIXème siècle.
Elle produit du satin, du calicot et du reps, une étoffe de soie et de laine.
En 1861, l'industriel lyonnais François Gentelet réalise sans autorisation des
aménagements sur le barrage afin d'améliorer la prise d'eau des roues à aubes.
Les deux premières, situées en amont et qui mettait en mouvement deux paires de
deux meules, sont remplacées par une turbine à simple couronne de
2,44 mètres de diamètre. Ces améliorations permettent l'entraînement de
cinquante métiers à tisser et de machines annexes.
Le Ministère de l'Agriculture validera ultérieurement ces modifications et
autorisera l'usine de tissage à maintenir en l'état ces ouvrages d'art
construits illégalement.
Employant jusqu'à soixante-dix personnes pour un salaire mensuel variant de 45 à
70 francs, la fabrique se développe et présente sa production à
l'Exposition universelle de Paris en 1878. Elle cesse pourtant son activité en
1889 victime, comme bien d'autres, de l'arrivée des textiles artificiels et de
la concurrence européenne, plus compétitive.
L'usine Bost
A la fin des années 1890, pour faire face au fort accroissement de l'activité,
l'entreprise Bost Frères s'installe dans les anciens locaux de l'usine de
tissage. Cette transaction est facilitée par le fait que le propriétaire des
bâtiments, François Gentelet, n'était autre que l'oncle de l'épouse d'Élisée
Bost, Bénédicte.
L'installation d'une turbine entraînée par les eaux du Doubs lui permet un bon
technologique avec l'utilisation de petits pilons à courroies et à ressorts.
Quelques années plus tard, une centrale hydroélectrique d'une puissance de
125 ch remplace la vieille turbine. Modernisée en 1945, elle permit à
l'entreprise Bost de subvenir à une partie de sa consommation jusqu'à la fin des
années 1980. Depuis, appartenant à un producteur privé et à nouveau modernisée,
elle produit toujours du courant électrique qui est revendu à EDF.