[Accueil www.laissey.com]
Ses eaux vives : sa rivière, le Doubs
 
Depuis des siècles, la vie du village est rythmée par cette rivière qui, paisible en été, étonne au printemps par la vigueur de ses crues et perturbe la vie des habitants pendant quelques jours.
Sommaire
Le Doubs
Laissey se trouve dans l'une des plus belles parties de la Vallée du Doubs, entre Baume-les-Dames et Besançon, là où elle est la plus resserrée et encaissée.

Arrivant du village de Douvot en ligne droite, le Doubs entame un virage à gauche à son arrivée à Laissey à un premier barrage. A cet endroit, moins de 300 mètres séparent les deux versants. Et pourtant, une voie ferrée, une route, une rivière et une demeure y prennent place !

[L'arrivée du Doubs à Laissey]
L'arrivée du Doubs à Laissey : moins
de 300 mètres séparent les deux versants
(15 mai 2005).
Puis, le Doubs enserre le village dans une boucle avant de repartir en ligne droite vers Deluz tout en franchissant un second barrage. Moins refermée que la fameuse boucle de Besançon, elle n'en reste pas moins saisissante vue du ciel.
[La boucle du Doubs à Laissey]
La boucle du Doubs ceinturant le village de Laissey bien mise en valeur
sur cette ancienne carte postale colorisée.
La boucle du Doubs ceinturant le village
de Laissey bien mise en valeur sur
cette ancienne carte postale colorisée.
De tout temps, le Doubs a eu et a toujours une influence sur Laissey. Ses crues, aussi importantes que soudaines, transforment pour quelques jours la vie des habitants, deux routes d'accès au village sur les quatre existantes étant coupées et quelques caves étant inondées. Elles contrastent avec le caractère paisible et nonchalant de la rivière en été, période où de nombreux citadins viennent y rechercher la fraîcheur et les pêcheurs s'adonner à leur passion.
[Crue du 17/04/2005]
L'écluse n° 44 et le barrage, côté Douvot,
lors d'une crue du Doubs (17 avril 2005).
Mais, le Doubs sait aussi être généreux et offrir ses services aux hommes. La transformation de l'eau en un mouvement mécanique permit à un moulin puis à un atelier de tissage de s'installer sur l'actuel emplacement de l'usine Bost. Cette dernière occupa le site pour les mêmes raisons. Bénéficiant de la présence du barrage amont, elle installa une centrale hydroélectrique qui lui permit de subvenir à une partie de sa consommation jusqu'à la fin des années 1980. Depuis, appartenant à un producteur privé et modernisée, elle produit toujours du courant électrique qui est revendu à EDF.
[Prise d'eau de la centrale hydroélectrique]
La centrale hydroélectrique
et sa prise d'eau (2 août 2015).
Le canal du Rhône au Rhin
[Canal Monsieur 1828]
Affiche du 13 octobre 1828.
Cliquez pour agrandir
le document.
Entre 1810 et 1830, de grands travaux sont entrepris afin de rendre navigable le Doubs. C'est la construction du canal du Rhône au Rhin dit canal Napoléon puis canal Monsieur en l'honneur du futur Charles X.

Les travaux de terrassement sont réalisés en partie par des prisonniers de guerre espagnols.

Le canal est modernisé entre 1882 et 1921 et mis au gabarit Freycinet pour accueillir des péniches de 38,50 mètres de long avec une capacité de 350 tonnes.

Conjuguée à la mise en service de la ligne ferroviaire de Dijon à Mulhouse en 1858, ces équipements propulsent le village de Laissey dans l'ère de la Révolution industrielle en facilitant le transport des personnes et des marchandises et permet à des entreprises de s'installer et de prospérer en écoulant leurs biens au-delà de la région (minerais de fer, textiles puis outillages à main).

[Le Doubs à Laissey en 1900]
Le Doubs entre Laissey et Deluz
en 1900. Malgré sa navigabilité,
les joncs sont nombreux.
En 1847, le canal est complété par un chemin de halage sur la rive droite du Doubs construit par l'administration du canal du Rhône au Rhin.

En effet, bien avant l'invention et la généralisation des moteurs rendant les péniches autonomes, elles devaient être tractées ou halées pour se mouvoir. D'où la nécessité de créer au bord des rivières un chemin carrossable.

Trois modes de halage étaient possibles :

  • par la seule force humaine à une vitesse de 700 à 800 m/h (halage à la « bricole »).
  • par traction animale avec des chevaux, des ânes, des mulets ou des bœufs à une vitesse de 2 km/h.
  • par traction mécanique avec des tracteurs essence ou diesel (souvent de marque Latil) au cours du XXème siècle.
Faute de vents en quantité suffisante et à la présence d'éléments d'architecture (écluses, tunnels et ponts), l'usage de voiles n'était pas envisageable.
[Péniche Vallée du Doubs à Deluz en 1955]
Une péniche navigue dans Vallée du Doubs à l'entrée de Deluz en 1955.
Le chemin
de halage sur la rive droite est bien visible.
[Canal du Rhône au Rhin] En gestation depuis les années 1950, la mise à grand gabarit du canal du Rhône au Rhin est décidée en 1976.

Fort heureusement, ce projet dément, comme le surnommait ses opposants, est abandonné en 1997. Il aurait permis la navigation de convois poussés de 4 500 tonnes comme sur le Rhin (gabarit dit "grand Rhénan").

La construction d'un barrage d'une hauteur de 10 mètres avant l'usine Bost aurait condamné l'ensemble du village d'Ougney-Douvot qui se serait retrouvé sous les eaux.

Même le cimetière aurait fait les frais de ces aménagements grandioses. Enfin, « p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non », aucune grosse tête n'ayant jamais pu apporter une réponse concrète à cette question !

Les barrages et les écluses n° 44 et 45
Suite à la construction du canal du Rhône au Rhin, Laissey se trouve encadré par deux barrages avec chacun une écluse permettant aux péniches et aux bateaux de plaisance de passer d'un niveau à un autre :
  • l'écluse de Laissey n° 44 située à l'entrée du village, côté Douvot ;
  • l'écluse d'Aigremont n° 45 située à la sortie du village, côté Deluz.
Actionnées manuellement par un éclusier (le dernier fut Hubert Canet), elles sont automatisées depuis les années 1990. Les bateliers et les plaisanciers disposent désormais d'une télécommande pour enclencher depuis leur bâteau le processus d'éclusage.
[L'écluse d'Aigremont]
L'écluse automatique d'Aigremont n° 45, côté Deluz (30 avril 2005).
L'écluse d'Aigremont n° 45, côté Deluz, est réputée pour ses forts courants et fait la joie des kayakistes et même des surfeurs, le spot étant accessible dès la survenue d'une petite crue.

En juin 1980, elle fut le théâtre d'un événement peu banal. Remontant le Doubs qui était à niveau exceptionnellement élevé pour cette période, la péniche Ray-Ma arriva péniblement à se mettre à l'abri dans l'écluse. Le batelier, trop sûr de lui, n'écouta pas les conseils de l'éclusier et décida de sortir en direction de Laissey. Lourdement chargée par du charbon, la faible puissance du moteur de la péniche ne lui permit pas d'affronter le fort courant. Partie à la dérive, elle se retrouva en appui le long du barrage, passa par-dessus et s'échoua cent mètres plus loin, une voie d'eau dans sa coque.

Son chargement sera transféré sur des barges et la voie d'eau sera colmatée sur place par des scaphandriers. Puis, la péniche sera renflouée et remorquée vers le chantier naval de Illzach pour être réparée.

Construite en 1966, elle s'appellera successivement Ray-Ma, puis Saint-Helier et enfin Priscilla. Toujours en activité, elle porte aujourd'hui les immatriculations Li9866F et 01821226.

La crue de janvier 1910
Si les étiages peuvent être sévères en période estivale, le Doubs connaît chaque année en moyenne vallée des crues dites de plaine, lentes (par opposition aux crues dites torrentielles, rapides). Elles ont le plus souvent lieu dans une période très large de septembre à fin mai, mais il arrive, de manière exceptionnelle, qu'un caprice de la nature ait lieu en plein été, certes mal nommé dans ce cas. Elles ont deux origines, parfois concomitantes : soit des pluies longues qui saturent les sols, soit des pluies liées à un redoux et qui participent à la fonte du manteau neigeux sur les plateaux.

La crue la plus importante fut celle de janvier 1910 avec une cote maximale de 9,57 mètres atteinte à Besançon le vendredi 21 janvier à deux heures du matin. Ce fut la crue du siècle ou des siècles, jamais une telle cote n'ayant été mesurée auparavant et depuis lors. Elle a servi de référence à l'établissement des plans des surfaces submersibles (P.S.S.) du Doubs qui constituait la servitude d'inondabilité en vigueur jusqu'à l'instauration du plan de prévention des risques d'inondations (P.P.R.I.).

[Le pont Battant]
Le pont Battant à Besançon lors
des inondations de janvier 1910.
À Laissey, elle provoqua 2 000 francs de préjudices aux agriculteurs, 75 000 francs de dégâts à l'usine Bost et mis 175 ouvriers au chômage technique pendant quinze jours. Un dénommé Alexandre Courtot, âgé et sans aucune ressource avec deux enfants majeurs et infirmes, perdit tout son mobilier.

D'autres crues historiques se sont produites depuis, notamment celle de janvier 1955 avec une cote maximale de 7,45 mètres atteinte à Besançon le vendredi 14 janvier à trois heures trente du matin. Ainsi que celle de mai 1983 due à des précipitations quasi permanentes de début mars à fin mai.

[Crue de janvier 1955]
Vue de Laissey lors de la crue
de janvier 1955.
La crue de février 1990
La crue qui marqua les esprits et dont on parle encore fut celle du 16 au 20 février 1990. Qualifiée, à tort, de crue du siècle, elle est cependant la deuxième crue après celle de janvier 1910 de par son ampleur et certainement la première pour le montant total des dégâts occasionnés aux communes touchées : 1,2 milliard de francs, soit 183 millions d'euros. Une pluviométrie importante et la fonte d'un important manteau neigeux sur les plateaux du Haut-Doubs expliquent l'importance du phénomène. Accentué, selon certaines rumeurs, par des lâchers d'eau des barrages franco-suisses du Châtelot et du Refrain afin d'éviter des dommages à leurs installations.
[Jalons des crues]
Sur le pilier de la passerelle de la véloroute
à Baume-les-Dames, des jalons ont été posés
pour les crues de 1910 et 1990.
Sur le pilier de
la passerelle de
la véloroute à Baume-les-Dames, des jalons ont été posés pour les crues de 1910 et 1990.
A Laissey, au matin du vendredi 16, l'eau monta à un niveau exceptionnel et, plus stupéfiant encore, en un temps record. En une heure, l'usine Bost fut sévèrement touchée, l'eau ayant envahi l'ensemble des ateliers jusqu'à une hauteur d'un mètre dans certains endroits. Grâce au travail et à l'implication des équipes de maintenance, de certains responsables et d'ouvriers, aucun chômage technique ne fut instauré et une partie de la production put redémarrer dès le lundi matin.
La pêche
Rivière de 1ère catégorie dans le Haut-Doubs et de 2ème catégorie dans la vallée, le Doubs est un haut lieu de la pêche en France et en Europe. Il n'est pas rare que des pêcheurs Allemands plantent leurs tentes sur les bords de la rivière et y passent un week-end tout entier.

Si aujourd'hui la pêche sportive a pris le dessus sur la pêche alimentaire, le Doubs regorge de nombreuses espèces de poissons endémiques ou introduites et la capture de très gros spécimens est fréquente :

  • carpe.
  • brochet.
  • sandre doré européen (Sander lucioperca).
  • truite fario (Salmo trutta fario).
  • truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss).
  • truite mouchetée (Salvelinus fontinalis) également appelée saumon de fontaine ou omble de fontaine.
  • omble chevalier (Salvelinus alpinus).
  • cristivomer (Salvelinus namaycush) également appelé omble du Canada, truite grise, truite du lac ou touladi.
  • ombre ou ombre commun (Thymallus thymallus).
  • corégone.
  • Achigan à grande bouche (Micropterus salmoides) également appelé black-bass, perche truitée ou perche noire.
  • écrevisses des torrents, à pattes rouges, à pattes blanches ou à pattes grêles.
  • grenouilles vertes ou rousses.
[L'arrivée du Doubs à Laissey]
L'arrivée du Doubs à Laissey : l'écluse n° 44 et le barrage (17 juillet 2016).
Est-ce bien le Doubs qui se jette dans la Saône ?
Tout comme ce n'est pas la Seine qui coule géographiquement à Paris, mais l'Yonne, la question mérite également d'être posée pour le Doubs qui, soi-disant, se jette dans la Saône à Verdun-sur-le-Doubs (Saône et Loire).

Selon la définition de la confluence, le cours d'eau entrant avec le plus fort débit annuel donne son nom au cours d'eau issu de cette confluence. Ce ne serait donc pas le Doubs qui se jetterait dans la Saône, mais le contraire. Et, par extension, ce serait donc le Doubs qui se jetterait dans le Rhône à Lyon.


Un confluent ou point de confluence est un lieu où se rejoignent plusieurs cours d'eau.

En effet, il apparaît que le débit moyen du Doubs est supérieur à celui de la Saône à leur confluence : 175 m3/s pour 160 m3/s.

D'ailleurs, la Saône est appelée Petite Saône avant Verdun-sur-le-Doubs et sa réunion avec le Doubs forme la Grande Saône, ce qui montre bien la contribution importante de la rivière franc-comtoise, notamment en période de crue. Et puis, on parle bien de Verdun-sur-le-Doubs et non pas de Verdun-sur-la-Saône !

Cependant, contrairement à la Seine, la Saône garde pour elle une taille de bassin versant supérieure avec 11 500 km2 contre 7 500 km2 pour le Doubs.

Non contente de s'être faite dépossédée de notre capitale régionale Besançon au profit de Dijon, voilà également que notre belle région, la Franche-Comté, s'est également faite usurpée le nom de sa rivière principale !

[Verdun-sur-le-Doubs]
Verdun-sur-le-Doubs, confluent de la Petite Saône, à gauche, et du Doubs, à droite
(PRA, Wikipédia, 2 août 2007).
Bibliographie et crédits photographiques

 
Dernière mise à jour : le 29 septembre 2024