Toujours en activité, le second fabricant européen de pinces et de tenailles a
métamorphosé le village et fait entrer Laissey de plain-pied dans l'ère
industrielle.
Cet article reprend les couleurs historiques de la marque afin de rendre hommage
aux hommes et aux femmes qui ont bâti cette entreprise au fil des années.
Fabricant de pinces et de tenailles depuis plus de 120 ans, l'usine Bost a
façonné le village tout au long du XXème siècle. Poumon économique du
canton, paternalisme assumé à la grande époque avec la construction de logements
ouvriers, nombreux sont ceux et celles qui y ont travaillés, s'y sont
rencontrés, ... Si la pince a fait la renommée de Montécheroux, c’est Bost qui a
fait celle de Laissey !
Fondée par Elisée Bost et trois de ses frères en 1891, devenue Bost Garnache
Industries (B.G.I.) sous l'impulsion de Facom, elle est désormais une filiale du
groupe américain Stanley Black & Decker.
Bost Frères en 1899.
B.G.I. est le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le
second fabricant européen de pinces et le premier français. Il emploie
aujourd'hui 500 personnes sur deux sites de production (Laissey et Arbois) et un
centre de conditionnement (Dole). En 2011, le groupe a réalisé un chiffre
d'affaires de 25,8 millions d'euros.
Le site de Laissey produit des pinces haut de gamme, garanties à vie, qu'elles
soient classiques (universelles, coupantes, tenailles, ...) ou spécialisées
(pour l'électronique, la microélectronique, la basse tension jusqu'à
"1000 volts", ...). Mais, si l'entreprise compte plus de 1000 références à
son catalogue, 20 % d'entre elles représentent 80 % de sa production
annuelle, les pinces universelles, les pinces coupantes et les tenailles restant
les modèles les plus demandés.
L'usine Bost quelques années avant la fin de son activité et sa destruction (8 mai 2013).
Une association, Le chat des Laissey, a été créée en 2008 et s'attelle à
la formation d'un musée de la pince afin de conserver le patrimoine industriel
du village et de l'usine Bost. Ses locaux se trouvent dans l'une des anciennes
maisons ouvrières des mines de fer, qui devint au début du XXème
siècle l'épicerie et bureau de tabac Louis Courtot puis le bureau de poste.
Le 2 septembre 2017, après de longues et intenses années de travail, elle
inaugure le Musée Bost et de l'outil dédié à la conservation du
patrimoine industriel du village et de l'usine Bost.
Fin de l'aventure Bost à Laissey
La qualité selon Stanley !
La nouvelle est tombée le mercredi 15 novembre 2017 : le site de production
laisséen va être transféré à Besançon dans les locaux de Stanley. Le
déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer aux vacances.
C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité dans
la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre.
Les raisons : bâtiments trop vétustes (alors que toutes les fenêtres ont été
remplacées il y a à peine deux ans...), risques d'inondations de grandes
ampleurs à très court terme (alors qu'on arrive à peine à prédire la météo du
lendemain...), problèmes d'assurances, ... De toute façon, tous les arguments
sont malheureusement bon pour justifier une telle décision.
Certes, on ne peut que se réjouir que l'entreprise ne soit pas délocalisée en
Pologne ou dans un autre pays d'Europe de l'Est comme tant d'autres
actuellement. Les salariés préservent ainsi leur travail. Mais, pour combien de
temps ? Les employés des services administratifs peuvent d'ores et déjà
s'attendre à un regroupement des compétences et des licenciements à la clé.
Outre l'aspect historique et sentimental, cette annonce est également un
véritable coup dur économique pour la commune de Laissey et ses habitants qui
vont ainsi perdent une dotation financière importante. Terminé les travaux
d'embellissement du village à plusieurs centaines de milliers d'euros ! A moins,
bien évidemment, d'augmenter significativement les impôts des contribuables
faisant ainsi reposer cette décision sur les Laisséens. Ces derniers pourraient
d'ailleurs demander à récupérer l'atelier de forge à froid puisque ce sont eux
qui ont financé sa construction en 2000 ! Sous couvert, déjà, de menaces de
délocalisation.
Et, quel avenir pour les bâtiments existants ? Est-ce une énième friche
industrielle qui se profile à l'horizon comme, par exemple, les anciennes
papeteries à Deluz et tant d'autres anciennes usines dans la vallée ? Et, à quoi
bon avoir inauguré en grandes pompes un Musée Bost et de l'outil début
septembre où « tout allait bien » pour se prendre un tel
vent quelques semaines plus tard ? Quid de l'avenir du café/restaurant qui vient
à peine d'être racheté ?
Beaucoup de questions pour peu de réponses pour le moment...
Le mercredi 15 novembre 2017 restera dans l'histoire du village une date à
marquer d'une pierre noire.
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 20 novembre 2017.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
Et pendant ce temps là...
...la papeterie de Mandeure investit 6 millions d'euros pour
construire sur le Doubs un bâtiment sur pilotis de 800 m2 !
Article de L'Est Républicain du 21 novembre 2017.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir :
le déménagement de l'usine Bost.
Juillet/août 2018, la forge à froid déménage à son tour
Juillet/août 2018 : la forge à froid déménage à son tour.
Il ne restera bientôt plus rien de l'usine Bost sur le site de Laissey...
Décembre 2018, l'alimentation électrique est coupée
A la mi-décembre 2018, l'usine est totalement vide. L'alimentation
électrique est définitivement coupée.
On peut s'interroger sur l'engagement pris par Stanley de continuer de
faire surveiller le site par une société de sécurité. En effet, sans
électricité, plus d'alarme en service !
Octobre 2019, la démolition des bâtiments débute...
Samedi 5 octobre 2019 (!) : les pelleteuses s'attaquent à la démolition des bâtiments.
Seuls les bureaux, les forges à froid et à chaud resteront debout.
Historique
Nombre d'entreprises débutent leur historique à l'année de leur création. Mais,
pour comprendre Bost et son fondateur Elisée Bost, il faut remonter dans son
passé afin de connaître la source de son inépuisable énergie.
Voici les faits marquants, heureux ou malheureux, qui ont marqué une entreprise
plus que centenaire.
1838 :
le 22 avril, naissance d'Antoine Bost à Saint-Just-de-Baffie
(Puy-de-Dôme). Ses parents, Antoine Bost et Jeanne-Marie Chelle,
sont cultivateurs dans ce village.
Afin de trouver du travail, Antoine quittera sa région natale et
s'installera à Laissey où il sera journalier, puis mineur, puis
contremaître aux mines de fer du village.
1842 :
1860 :
le 6 octobre, naissance de Zoïle Courtot à Clerval (Doubs). Ses
parents, Nicolas Courtot et Thérèse Cuenot, sont vignerons.
le 2 janvier, mariage d'Antoine Bost et de Zoïle Courtot à Laissey.
La rencontre fut certainement facilitée par le fait que les mines de
fer de Laissey alimentaient les hauts fourneaux de Clerval...
Ils eurent 10 fils et aucune fille.
1872 :
le 21 juillet, naissance d'Elisée Bost à Laissey. A 19 ans
seulement, le septième enfant de la fratrie fondera la fabrique
d'outils portant son nom.
Il décèdera à Laissey le 18 janvier 1957 à l'âge de 84 ans.
Elisée ou Elysée ? La première orthographe du prénom est celle
notée dans le registre d'état civil de la commune et celle utilisée
par lui-même ainsi que par son propre fils, Jacques. Elle figure
également sur sa tombe. La seconde semble être la plus usitée dans
le milieu civil et professionnel.
1891 :
ouvriers à la Manufacture d'outils Emile Bainier à Douvot, Elisée Bost et
trois de ses frères créent leur propre entreprise de fabrication de
pinces. Avec très peu de moyens, ils débutent dans les caves de la maison
familiale à Laissey. Ne disposant pas de force motrice, un cheval fut
acheté et Fareau fit tourner un manège pour entraîner les quelques
rares machines possédées, notamment pour le polissage.
Bost Frères en 1893 : ce n'est encore qu'un modeste atelier artisanal.
fin des années 1890 :
afin de faire face au fort accroissement de l'activité, l'entreprise
Bost Frères s'installe dans les anciens locaux de l'usine de tissage, au
bord du Doubs. Elle dispose désormais d'une turbine entraînée par la
rivière qui permet un bon technologique avec l'utilisation de petits
pilons à courroies et à ressorts. Cette transaction fut facilitée par le
fait que le propriétaire de cette usine, M. Gentelet, n'était autre que
l'oncle de l'épouse d'Elisée Bost, Bénédicte.
Pour répondre à la demande, Elisée Bost fait venir de (grosses) familles
d'ouvriers spécialisés :
de Montécheroux ou de Saint-Hippolyte (Doubs), villages comptant de
nombreuses usines de fabrication de pinces ;
d'Alsace, pour la fabrication des mèches à bois (les Herbert) ;
de la Haute-Marne, pour les cisailles (les Bauman, Chapuis, Receveur et Schcrer) ;
de Paris, pour les outils à ressorts (les Colombet et Tamamis).
Il permet également à des habitants des villages voisins d'Amagney, de
Champlive, de Douvot, de Roulans, ... de travailler à domicile à plein
temps ou de compléter leurs modestes revenus agricoles.
Illustration représentant Bost vers 1900. Même si le dessin est naïf,
cela donne une bonne vue de la cour de l'usine à cette époque.
1905 :
pour distraire la population et ses salariés, Elisée Bost fonde la fanfare
L'Amicale des usines de Laissey.
La fanfare L'Amicale des usines de Laissey en 1925.
Assis à droite des tubas, les mains jointes, Elisée Bost.
années 1900 :
c'est durant cette période qu'Elisée Bost souhaite ajouter un logo à sa
marque pour la rendre instantanément reconnaissable.
Il veut utiliser le lion présent sur les armoiries de la Franche-Comté,
mais cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers
s'y opposent afin d'éviter toute confusion avec leur propre emblème. Il
choisit alors un autre félin : un chat.
Un autre logo fut également utilisé pour désigner les articles de moindre
qualité, que l'on qualifierait aujourd'hui de premier prix : un soleil. Il
ne sera en vigueur que quelques années seulement contrairement au chat qui
fut le symbole de l'outillage à main de haute qualité pendant près de
soixante ans.
Extrait d'un catalogue de 1907 où apparaissent les deux logos.
1910 :
en janvier, l'usine est touchée par la plus importante crue du Doubs
jamais observée. Elle provoque 75 000 francs de dégâts et met
175 ouvriers au chômage technique pendant quinze jours.
Carte postale de l'usine Bost vers 1910. Les ateliers ont été agrandis
et des bâtiments ont été construits pour loger les ouvriers.
années 1914 - 1918 :
La Première Guerre mondiale prive Bost d'une partie de sa main d'oeuvre
qualifiée et ne lui permet pas d'honorer ses commandes. Néanmoins, comme
nombre d'industries, elle évite à certains les affres de la guerre en
faisant revenir du front les ouvriers, les techniciens et les cadres
nécessaires au fonctionnement de l'usine. Et, elle peut ainsi participer à
l'effort de guerre et répondre aux besoins de l'armée, les tenailles étant
très prisées pour la découpe des fils de fer barbelés des tranchées.
Ainsi, seuls 3,7 % de la population de Laissey ont laissé leur vie
durant la Première Guerre mondiale, ce pourcentage se situant dans la
moyenne basse.
Carte postale d'encouragements envoyée par la Direction aux ouvriers de chez Bost
participant à la Première Guerre mondiale et les incitant « à la destruction des horribles boches ».
1919 :
ayant besoin d'argent frais pour relancer l'activité après la
Première Guerre mondiale, Bost Frères devient une société anonyme
grâce à la prise de participation d'une majorité du capital par la
famille de Moustier. Le Marquis René de Moustier en prend la
présidence.
D'une des plus anciennes dynasties de Franche-Comté, hommes
militaires et politiques, la famille de Moustier est très connue
dans la région, notamment pour leur demeure, le château de Bournel
près de Rougemont (Doubs).
Piètres industriels, mais fortunés, avec Bost, ils mettent la main
sur une pépite et l'un de leurs rares succès avec la société
Plastival, désormais Profialis, à Clerval.
1920 :
sous l'impulsion de la famille de Moustier, Bost crée un site de
production à Rougemont qui employa jusqu'à une cinquantaine de
personnes. Il fut dédié à la fabrication d'outils pour travailler le bois,
telles des mèches, des tarières et des vrilles.
Cette implantation ne répondait à aucune stratégie industrielle, mais
était destinée à faire politiquement plaisir aux Rubrimontains. En effet,
la Première Guerre mondiale toucha durement Rougemont qui vit sa
population fortement décroître (environ 200 habitants en moins). En créant
des emplois, l'installation d'une usine devait permettre d'éviter l'exode
des jeunes et de développer la région.
L'usine de Rougemont dans les années 1920.
1924 :
construction et mise en service d'une centrale hydroélectrique à Fourbanne
pour l'alimentation en énergie électrique de l'usine de Laissey via une
ligne à haute tension privée. D'une puissance de 300 ch, le montant
de l'investissement est de 900 000 francs. Elle sera revendue à
un exploitant privé dans les années 1990.
années 1920 :
afin de trouver de nouveaux marchés, Elisée Bost n'hésite pas à traverser
les océans et ce, malgré la barrière de la langue. S'il essuie un échec
cuisant aux Etats-Unis, il ne s'avoue pas vaincu et met le cap en Amérique
du Sud et en particulier en Argentine. Son succès commercial dans cette
contrée fut tel qu'il envoya un jour un télégramme : « Fabriquez
n'importe quoi, mais fabriquez ! ». C'est ainsi que Bost mit à
son catalogue les sondes à grains, spécifiques à ce marché.
Durant cette même période, soucieuse du bien-être de ses salariés, Bost
construit plusieurs maisons ouvrières pour y loger son personnel dans un
tout nouveau quartier sur les hauteurs du village, le Quartier du
Maroc également appelé la Cité du Maroc
Les premières maisons ouvrières du Quartier du Maroc.
Il était habituel à cette époque d'appeler les cités ouvrières ou
cheminotes Quartier du Maroc. De nombreuses villes françaises
possèdent un quartier ou une cité du Maroc : Champigny-sur-Marne,
Le Cateau-Cambrésis, Le Mans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ...
Si, dans certains cas, Maroc a pour origine les maraîchers ou les Maures
d'Espagne (les « Marocains »), il n'en est rien
pour Laissey. Gageons qu'Elisée Bost n'a fait que suivre la mode en
vigueur et l'attirance exotique envers ce pays mis sous protectorat
franco-espagnol en 1906.
On notera également que le Quartier du Maroc, toujours ensoleillé
et ce quelque soit la saison, vient naturellement contrebalancer
l'obscurité hivernale du Quartier Nègres (le bas du village), le
substantif nègre venant de l’adjectif latin niger qui signifie
noir ou sombre.
1932 :
fin juillet, l'usine de Rougemont ferme ses portes suite à la crise
économique de 1929. Le site ne comptait plus que 12 ouvriers.
Prototype en bois réalisé par M. Stanislas Racine d'une pince à cintrer
les tubes électriques "Bergman" (avec l'aimable autorisation de M. Stanislas Thouret).
1935 :
le capital de l'entreprise est désormais de 3,8 millions de francs. La
crise économique de 1929 est désormais oubliée.
Bost possède quatre usines hydroélectriques : Laissey (125 ch) et
Fourbanne (300 ch), pour sa propre alimentation en énergie
électrique ; Rougemont (75 ch) et Montécheroux
(75 ch), dont la production est revendue à des entreprises locales.
années 1930 :
constitué au départ de quelques maisons, le Quartier du Maroc s'agrandit
rapidement pour faire face aux besoins en logement des ouvriers, toujours
plus nombreux.
Les nouvelles constructions du Quartier du Maroc.
1935 :
suite au décès de son père René le 21 août, le Marquis Léonel de
Moustier prend la présidence de l'entreprise.
Député et Conseiller général, il fit partie des quatre-vingts
parlementaires qui votèrent contre l'attribution des pleins pouvoirs
à Pétain le 10 juillet 1940, l'armistice étant une
« trahison » et Pétain, un
« traître ».
Mettant son domaine de Bournel à la disposition de la résistance,
chef militaire de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée), il
est arrêté par la Gestapo le 23 août 1943.
Déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) au début
de l'été 1944, il y décède en mars 1945. Sa famille ne put récupérer
son corps qu'en octobre 1945.
En effet, la défaite arrivant, les nazis n'avaient plus le temps de
brûler les cadavres, transformant les alentours des camps de
concentration en vastes charniers pour cacher leurs méfaits. Afin de
ne pas légitimer les thèses révisionnistes, les Alliés s'opposèrent
au rapatriement de toutes les victimes identifiables. Il fallut
l'intervention de Charles de Gaulle pour qu'il soit enterré dans
la propriété de son château.
1936 :
suite à la victoire du Front populaire, Elisée Bost s'oppose fermement à
l'idée d'octroyer quinze jours de congés payés à ses salariés. Une grève
de quinze jours éclate au sein de l'entreprise. Il faut faire appel au
préfet pour renouer le dialogue entre les différentes parties. La
dissension est telle que lors d'une réunion, Elisée Bost brandit un
revolver et menace de se suicider !
Ouvriers dans les années 1930.
1940 :
en janvier, l'entreprise est fortement endommagée par un incendie que les
pompiers eurent beaucoup de mal à maîtriser. Le froid glacial qui
sévissait (-25 °C) gelait l'eau au bout des lances d'incendie ! L'atelier
de la lime fut le plus touché. La cause de cet incendie fut
vraisemblablement un chiffon de meuleur qui se consumait doucement sur un
tabouret et qui s'enflamma tard dans la nuit.
Ce fut l'une des rares voire la seule fois où l'on vit Elisée Bost
pleurer, les larmes gelant dans sa moustache.
L'intérieur d'un atelier après l'incendie de janvier 1940.
1943 :
suite aux lois vichystes du Président du Conseil des ministres Pierre
Laval concernant le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), quatorze
employés Bost de tous âges, dont une femme, sont requis et envoyés contre
leur gré en Allemagne nazie.
Elisée Bost établit lui-même la liste des partants, essentiellement des
communistes à qui il reprochait de provoquer des troubles et qu'il voulait
éloigner de son usine. En 1945, ne s'attendant pas à les voir revenir, il
fut particulièrement inquiet à leur retour d'un éventuel désir de
vengeance.
Les quatorze employés Bost requis pour le S.T.O.
années 1940 :
pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine fonctionne au ralenti. Entre
les salariés prisonniers en Allemagne et la rareté de la matière première,
les livraisons se font rares. Des commandes passées en 1943 ne sont ainsi
pas livrées avant 1945 !
Commande du 11 février 1943 de la quincaillerie P. Toubin à Salins-les-Bains.
Réclamée une première fois le 2 novembre 1943 puis une seconde fois le 18 janvier 1945 !
Durant cette période, pour éviter un éventuel bombardement du château
d'eau de la SNCF, les autorités allemandes ordonnèrent la mise en place
d'un couvercle en bois. L'eau faisant office de miroir, ces réservoirs
étaient facilement repérables et étaient une cible privilégiée de
l'aviation Alliés afin de perturber la circulation des trains.
Mais, un jour de violente tempête, le couvercle s'envola et s'abattit
sur l'atelier des boîtes et des goupilles tout proche. Il fallut un
certain temps pour que mesdames Francine Brie et Revoy se remettent de
leurs émotions.
1944 :
suite à la déportation du Marquis Léonel de Moustier au camp de
concentration de Neuengamme (Allemagne) au début de l'été 1944, Elisée
Bost reprend temporairement la présidence de son entreprise.
Illustration représentant l'usine dans les années 1940.
1947 :
succédant à son père Léonel, décédé au camp de concentration de
Neuengamme en mars 1945, le Comte Baudouin de Moustier prend la
présidence de l'entreprise.
Son charisme, ses qualités de gestionnaire et sa capacité à savoir
bien s'entourer, permettent à Bost de se moderniser et de voir sa
production fortement augmenter.
La production reprend lentement son rythme d'avant-guerre du fait du
manque de matière première encore très présent et des restrictions
mises en place. L'utilisation de bons monnaie-matières est courante.
Le client doit fournir à l'usine Bost un bon de X kilogrammes
d'acier pour l'exécution de sa commande.
1956 :
la production annuelle atteint 720 000 pinces. Employant 200
personnes, Bost devient le premier fabriquant français de pinces.
L'intérieur de la forge : les cinq marteaux-pilons de marque Lasco.
Leur puissance de frappe s'échelonnait de 800 à 3000 kg de masse tombante.
1957 :
le vendredi 18 janvier, Elisée Bost décède à Laissey à l'âge de
84 ans après deux mois et demi de maladie.
En son honneur, la rue devant l'usine porte son nom.
1958 :
la production annuelle atteint 1 000 000 pinces avec un
effectif constant de 200 personnes. Les bâtiments occupent une surface
de 7500 m2.
Afin de moderniser les installations, un plan d'investissements sur dix
ans de 6,5 millions de francs est lancé.
L'intérieur de la forge : les presses à ébarber.
1959 :
le 30 juillet, la cheminée qui dominait l'usine depuis plus de cinquante
ans est abattue d'un seul tenant et à l'endroit prévu par une seule
personne. Le spécialiste a utilisé de simples cales en bois arrosées
d'eau !
Une cérémonie de remise des médailles du travail dans les années 1950.
Au premier plan, en costumes clairs : à gauche, Marcel Bost ;
à droite, le Comte Baudouin de Moustier.
Ingénieur des Arts et Métiers, Marcel Bost est le neveu d'Elisée Bost.
Pluridisciplinaire, il dessina de nombreux modèles de pinces, mais aussi
certains des bâtiments encore visibles aujourd'hui. Il est aussi
l'auteur "involontaire" d'une petite anecdote.
Au tout début de la soudure à l'arc, il donna l'ordre à Jean Rollin, dit
Julot, de ressouder le fond d'un réservoir cylindrique qui fuyait en
utilisant cette nouvelle technologique. Voulant s'assurer de la qualité
du travail effectué, il fit remplir la cuve d'eau. Mais, la patience
n'étant pas la qualité première de "Monsieur Marcel", il trouva le
remplissage bien long. Il décida d'arrêter l'opération et mis sans
attendre la cuve sous pression avec de l'air comprimé. D'un seul coup,
le fond mal soudé se détacha et la cuve fut projetée en l'air, traversa
une verrière et, en retombant, sectionna l'arrivée électrique du
transformateur général tout proche.
L'usine s'arrêta immédiatement et il ne fallut pas longtemps pour que
l'un des directeurs, M. de Brisoult, se rende sur les lieux
et passe un savon magistral à Marcel Bost, encore mal remis de ses
émotions et ruisselant d'eau.
1961 :
en février, les bureaux sont entièrement rénovés pour répondre à la forte
hausse des commandes et accueillir les clients dans un cadre agréable.
Les bureaux rénovés en février 1961.
1962 :
le 22 novembre, peu après cinq heures du matin, un incendie se déclare
dans le bâtiment abritant les stocks et les bureaux (rénovés l'année
précédente). Dû au système de chauffage à air chaud au mazout, les dégâts
sont de 500 000 francs. Les archives, les documents comptables
et bancaires, les plans, les études, les commandes, ... sont perdus. Les
locaux seront reconstruits et même agrandis.
Les stocks et les bureaux touchés par l'incendie du 22 novembre 1962.
Illustration représentant l'usine dans les années 1960, après 1962.
Au premier plan, les nouveaux bâtiments reconstruits après l'incendie.
1964 :
mise en place de la fabrication par lignes de production pour augmenter
la productivité. Il faut désormais seulement six minutes pour fabriquer
une pince universelle.
La cour de la forge dans les années 1960.
1968 :
la production annuelle atteint 1 850 000 pinces. En dix ans,
elle a quasiment été doublée alors que l'effectif est toujours constant
avec 200 personnes, dont un quart de femme.
Le chiffre d'affaires est de 11 millions de francs pour un bénéfice d'un
million de francs. Ces bons résultats permettent de garantir un salaire
minimum de 1000 francs.
Le capital de l'entreprise est de 2,8 millions de francs, désormais
possédé à 95 % par la famille de Moustier, les héritiers Bost
préférant vivre de leurs rentes plutôt que de s'investir dans
l'entreprise...
1973 :
Facom et Peugeot Outillage entrent dans le capital.
1974 :
l'effectif est de 290 personnes pour une moyenne d'âge de 36 ans.
L'horaire hebdomadaire est de 42,5 heures.
Le côté familial et paternaliste est toujours présent, car la majorité
des agents administratifs et des cadres sont issus du personnel ouvrier.
1976 :
Bost est le 9ème fabricant européen de pinces.
Vue aérienne de l'usine dans les années 1970.
1977 :
nouvel agrandissement de l'usine avec la construction d'un atelier
pour les presses à ébarber.
Suite à la retraite du Comte Baudouin de Moustier et n'ayant pas
trouvé de successeur au sein de la famille, la société Peugeot
Outillage devient majoritaire avec 73 % du capital.
Bien que sur les rangs, le Comte préféra vendre ses parts à une
autre entreprise Franc-comtoise, plutôt qu'au rival Facom.
L'entrée de Bost au sein d'un grand groupe tel que Peugeot
Outillage devait lui permettre d'assurer son avenir.
Pourtant, malgré l'engouement des débuts, ce rachat marque le
commencement d'une période d'instabilités et de flous qui aboutira à de
longues périodes de chômages techniques. Difficile de bâtir une
stratégie industrielle cohérente lorsque la direction change de tête
tous les trois mois...
Pour les salariés, l'un des rares avantages de ce rachat était la
possibilité de bénéficier d'une réduction importante sur l'achat d'une
voiture Peugeot ou Citroën.
1979 :
la production annuelle chute à 1 650 000 pinces.
Afin de remplacer une grande partie du parc de machines vieillissant, un
plan d'investissements est lancé.
Une pince coupante devant Bost marquée Peugeot.
1981 :
Bost emploie 280 personnes et traite 1500 tonnes d'acier par an
et peut, théoriquement, fabriquer 15 000 pinces par jour.
1982 :
suite aux graves problèmes financiers de Peugeot, maison mère de
Peugeot Outillage, la société Facom devient le principal et quasi
unique actionnaire avec 99 % du capital.
Cette déconfiture de Peugeot Outillage consacra la fameuse phrase du
Comte Baudouin de Moustier qui, à l'un des directeurs de Peugeot lui
faisant remarquer en 1977 que le lion (de Peugeot) avait mangé le chat
(de Bost), lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir trop vite,
car ce sera le chat qui mangera le lion !
1984 :
Bost se remet doucement de ses années d'errance. Bien que n'employant plus
que 200 personnes, l'entreprise produit cette année-là 2,6 millions
de pinces dont 500 000 universelles, 450 000 coupantes
diagonales et 350 000 tenailles russes et consomme
1400 tonnes d'acier.
Fabriquant 12 000 pinces par jour, Bost figure parmi les cinq plus
grands fabricants mondiaux de pinces et propose 1150 articles à son
catalogue.
1986 :
l'entreprise ouvre un atelier de forge à froid à Baume-les-Dames. La
presse de marque Gräbner et d'une puissance de 1000 tonnes permet
la suppression d'opérations propres à la forge à chaud, comme
l'ébarbage et le redressage. Les premières pinces pour circlips fabriquées
avec cette nouvelle technologie sont commercialisées.
L'organisation de la production est totalement revue par la mise en
place de la méthode Kanban. La réduction des temps morts permet une
réduction de 40 % des stocks tout en assurant la livraison de
98 % des commandes sous quatre jours.
1988 :
la production annuelle repart à la hausse et atteint 2 150 000
pinces. Bost devient le numéro 2 européen et le numéro 5 mondial.
Une cérémonie de remise des médailles du travail à la fin des années 1980.
1989 :
Bost emploie 200 personnes et produit 12 000 pinces par jour. Les
bâtiments occupent une surface de 11 500 m2.
Lancement de la pince multiprise MultiBost auto-serrante sur les
tubes et équipé d'un coupe-fils intégré.
La pince multiprise MultiBost.
1990 :
le vendredi 16 février, l'usine est touchée par une violente crue du
Doubs, la deuxième crue du siècle après celle de 1910. L'ensemble des
ateliers est envahi sous les eaux jusqu'à une hauteur d'un mètre dans
certains endroits.
Contrairement à celle de 1910, aucun chômage technique ne fut instauré
et une partie de la production put redémarrer dès le lundi matin.
Une chaîne d'usinage les pieds dans l'eau le 16 février 1990.
1990 :
sous l'impulsion de Facom, Bost fusionne avec la société Garnache
Chiquet située à Arbois (Jura). Egalement propriété de Facom,
cette dernière est spécialisée dans la fabrication de tournevis et
de clés mâles.
Elles deviennent la nouvelle société Bost Garnache Industries (B.G.I.),
le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le second
fabricant européen de pinces et le premier français. La marque
commerciale devient EgaBost. Le siège social du groupe est à Arbois,
Laissey ayant perdu la bataille des chefs.
1991 :
le vendredi 28 juin, Bost fête en grande pompe son centenaire.
1500 personnes participent aux portes ouvertes et visitent
l'entreprise. Après une cérémonie de remise des médailles du
travail, une grande fête est organisée le soir sous un chapiteau
pour les employés et leurs familles.
L'événement est annoncé par une publicité en dernière et pleine page
du journal L'Est Républicain du jeudi 27 juin.
1993 :
B.G.I. est certifié ISO 9002 (qualité) par l'AFAQ.
1994 :
la production annuelle chute à 1 920 000 pinces.
B.G.I. inaugure un centre de conditionnement et de distribution à Arbois
afin de mieux répondre aux demandes de ses clients.
1995 :
la production annuelle repart à la hausse et atteint 2 300 000
pinces. Le chiffre d'affaires du groupe B.G.I. est de 220 millions
de francs et l'effectif est de 478 personnes (298 à Arbois et 180 à
Laissey).
Vue aérienne de l'usine dans les années 1990.
1995 :
le site de Laissey devient le centre d'expertise pour l'ensemble du
groupe Facom pour la production d'une nouvelle gamme complète d'outils
isolés basse tension 1000 volts destinée aux électriciens.
Une pince universelle 1000 volts, ici sous la marque Facom.
1996 :
le 17 octobre, suite à des problèmes de droit d'utilisation dans
de nombreux pays, la marque commerciale EgaBost est abandonnée en
Europe au profit de la marque Bost, mieux protégée et plus facile
à prononcer dans toutes les langues. Une belle revanche pour les
salariés de Laissey, toisés jusqu'alors par ceux d'Arbois. Le chat
a à nouveau mangé son adversaire !
1998 :
début du lancement de la série Expert avec une pince coupante
diagonale électricien et une pince à dénuder. Cette série est
caractérisée par une gaine ergonomique bi-matière avec un ressort de
rappel d'ouverture. Elles obtiennent le Janus du design
industriel 1998 décerné par l'Institut français du design.
Les deux pinces Expert ayant obtenues le Janus du design industriel 1998.
1999 :
le fonds d'investissement Fimalac, du magnat français Marc Ladreit
de Lacharrière, devient l'actionnaire majoritaire du groupe Facom.
Son objectif : être dans le top 3 mondial des fabricants d’outillage
à main.
1999 :
lancement de la totalité de la série de pinces Expert et sortie
de la pince multiprise à section indéréglable Techni.2.
La pince multiprise à section indéréglable Techni.2.
2000 :
déménagement de l'atelier de forge à froid de Baume-les-Dames à Laissey
dans un nouveau bâtiment construit spécialement. Une seconde presse à
froid de marque Manzoni et d'une puissance de 1000 tonnes est
installée.
Bost se met aux nouveaux outils de communication et crée son site
Internet.
A gauche, l'atelier de forge à froid. A droite, l'ancienne forge à chaud (14 juillet 2013).
2002 :
lancement de la série de tournevis tri-matières Expert « A
chaque vie, sa couleur » avec reconnaissance du type
d’empreinte par la couleur.
Un aperçu de la gamme de tournevis Expert « A chaque vie, sa couleur ».
2003 :
extension de la gamme Bost à d'autres outils : marteaux, outils de
mesures, coffrets, ... Cette diversification centenaire avait été
abandonnée lors de la fusion en 1990.
Un aperçu de l'ensemble de la gamme d'outils au catalogue.
2004 :
arrêt de la forge à chaud. Le bruit des cinq marteaux-pilons Lasco cesse
définitivement de résonner dans la vallée. D'une puissance respective de
800 kg, 900 kg, 1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils
seront démontés et remontés dans une usine chinoise concurrente.
Enregistrement audio des pilons le 15 juillet 1991.
La forge d'une pince était réalisée en deux ou trois opérations successives :
le cambrage, pour donner une forme proche de la gravure au lopin de
fer chauffé au rouge ;
l'estampage, pour donner la forme définitive à la pince ;
la repasse, pour finaliser cette forme, étape réalisée uniquement
dans le cas des plus grosses pièces.
Le travail de pilonnier était certainement le plus dur de toute l'usine et
était, à partir des années 1960, souvent réalisé par des travailleurs
originaires d'Afrique du Nord.
2006 :
le 1er janvier, la société Facom devient une filiale du
groupe américain Stanley Works.
La gamme de tournevis Expert « A chaque vie, sa couleur
» atteint les 15 millions d'unités vendues.
2009 :
B.G.I. est certifié ISO 9001 (qualité), ISO 14001
(environnement) et OHSAS 18001 (sécurité).
2010 :
le 12 mars 2010, les deux entreprises américaines Stanley Works et
Black & Decker fusionnent pour devenir le groupe Stanley
Black & Decker.
2011 :
publication d'un film promotionnel présentant l'ensemble du processus de
fabrication d'une pince sur le site de Laissey.
2013 :
abandon progressif de la marque Bost au seul profit de la marque Facom.
Les appellations Bost et Bost Garnache Industries n'apparaissent même
plus sur les bâtiments de l'usine. Il semble bien cette fois-ci que le
chat ait trouvé plus fort que lui !
Aujourd'hui, les bâtiments arborent les couleurs rouge et grise de Facom
et la marque Bost n'apparaît désormais plus (8 mai 2013).
2013 :
en octobre, Bost perd la fabrication des pinces circlips qui sont
désormais usinées en Chine.
2016 :
après 125 années d'existence, la réputée marque Bost est définitivement
abandonnée au seul profit des marques Facom et Stanley.
Avec cette décision, c'est la page de l'histoire du XXème siècle du
village qui se tourne pour toujours.
Une pince coupante anciennement Bost désormais vendue sous la marque Stanley.
2017 :
le site de Laissey fait désormais partie de l'entité Stanley
Black & Decker Manufacturing et emploie 140 personnes.
2017 :
le 2 septembre, en présence de nombreuses personnalités et après de
longues et intenses années de travail, l'association Le chat des
Laissey inaugure le Musée Bost et de l'outil dédié à la
conservation du patrimoine industriel du village et de l'usine Bost.
L'association Le chat des Laissey inaugure le Musée Bost et de l'outil
en présence de nombreuses personnalités politiques locales (2 septembre 2017).
2017 :
le mercredi 15 novembre, une annonce officielle est faite aux salariés :
le site de production laisséen va être transféré à Besançon dans les
locaux de Stanley. Le déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer
aux vacances.
C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité
dans la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre. Et, une date qui restera dans
l'histoire du village à marquer d'une pierre noire.
2018 :
débuté en avril, le déménagement du site est terminé début mai. Les
salariés sont en congés forcés pendant quinze jours le temps que l'outil
de production soit redémarré sur le site Stanley de Besançon. Seule la
forge à froid bénéficie d'un cours répit jusqu'au mois de septembre, les
locaux bisontins nécessitant des adaptations pour recevoir les presses.
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir :
le déménagement de l'usine Bost.
2018 :
début juin, le site Stanley de Besançon est touché par des inondations
dues aux très forts orages de cette période. Belle ironie de l'histoire,
les risques d'inondations étant l'un des arguments phares pour abandonner
le site de Laissey !
Suite aux nombreuses casses et, malheureusement, vols lors du
déménagement, la production a bien du mal à repartir et à retrouver un
niveau correct. Pour occuper les ouvriers, certains sont employés à
balayer et à rebalayer des locaux propres...
2018 :
fin juillet/début août, la forge à froid déménage à son tour. Seul l'unité
de gainage PVC reste en place. Trop âgée (plus de quarante ans), son
démontage s'avère impossible sans gravement l'endommager.
Juillet/août 2018 : la forge à froid déménage à son tour.
Il ne restera bientôt plus rien de l'usine Bost sur le site de Laissey...
2018 :
mi-décembre 2018, l'usine est désormais totalement vide. L'alimentation
électrique est définitivement coupée.
2019 :
le samedi 4 juillet, une journée portes-ouvertes est organisée dans
les locaux de Stanley à Besançon.
L'occasion de s'assurer que les machines sont toujours présentes et de
découvrir que les conditions de travail ne sont plus celles de Laissey !
Bruits (presses et usinages réunis dans un même bâtiment) et le froid et
la chaleur (hangars en construction métallique non isolés) sont désormais
le quotidien des salariés qui doivent bien regretter par temps chauds de
ne pouvoir ouvrir les fenêtres et de bénéficier d'un peu d'air frais
apporté par le Doubs tout proche. Mais çà, c'était à Laissey et c'était
avant !
Au moins, les anciens Bost devenus Stanley Manufacturing profitent
de la lumière et n'ont pas le sentiment de travailler dans une cave
contrairement à leurs collègues de Stanley Tools (mètres, niveaux
et scies) !
2019 :
le samedi 5 octobre (!), le jour tant redouté est arrivé : les pelleteuses
s'attaquent à la démolition des bâtiments de l'usine Bost !
2020 :
début février, les travaux de démolition partielle sont terminés. Seuls
les bureaux, les forges à froid et à chaud restent les témoins d'un passé
industriel fort de 127 années de production d'outillage à main de haute
qualité à Laissey.
2020 :
la commune de Laissey et la Communauté de Communes du Doubs Baumois sont
en cours de négociation avec Stanley Black & Decker pour racheter les
bâtiments restants de l'ancienne usine Bost pour l'euro symbolique.
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 21 février 2020.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
2022 :
en octobre, les trois bâtiments préservés (pour une surface totale de
5 000 m2) deviennent la propriété de la Communauté
de Communes du Doubs Baumois et ce pour un euro symbolique.
Pourquoi pas ? Mais, deux questions viennent immédiatement à l'esprit :
redévelopper l'économie locale avec des artisans et des industriels
ne va pas être chose aisée... Comme on peut malheureusement le
constater dans d'autres petites villes ou villages qui sont
confrontés à la même situation de désertification rurale.
D'autant plus que les risques qui ont mené à l'abandon du site par
le groupe Stanley Black & Decker sont toujours d'actualité,
notamment les menaces d'inondations induisant des problèmes
d'assurances et les difficultés à faire venir "des gens de la ville"
pour travailler à Laissey.
quid de la présence d'amiante dans ces bâtiments ? Existe-t-il un
risque ? Stanley Black & Decker va-t-il prendre à sa charge une
éventuelle dépollution ?
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 25 octobre 2022.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
Pour en savoir plus...
Article dédié sur ce site à Elisée Bost.
Article dédié sur ce site à la fanfare L'Amicale de Laissey
fondée en 1905 par Elisée Bost.
Les différents logos d'hier à aujourd'hui
Pendant près de soixante ans, le logo Bost fut un chat, symbole de l'outillage
à main de haute qualité. Ce n'est qu'à partir des années 1970 qu'il devint plus
moderne, mais aussi plus classique dans son dessin.
A l'origine, Elisée Bost voulut utiliser un lion, symbole de la Franche-Comté.
Mais, cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers s'y
opposèrent et Elisée Bost dut choisir un autre félin.
Pour l'anecdote, la déconfiture de Peugeot Outillage en 1982, qui avait racheté
Bost en 1977, consacra la fameuse phrase du Comte Baudouin de Moustier. A l'un
des directeurs de Peugeot lui faisant remarquer que le lion (de Peugeot) avait
mangé le chat (de Bost), il lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir
trop vite, car ce sera le chat qui mangera le lion !
1907 (utilisé pour l'outillage premier prix)
1907 (utilisé pour l'outillage de qualité supérieure)
Années 1930
Années 1950
1957
1975
1981
Années 1980
1990
1996
2001
2013
2018
Documents
Quelques documents se rapportant soit à la famille Bost, soit à l'entreprise.
Famille Bost
Arbre généalogique des frères Bost.
Article de presse paru le 23 janvier 1957 relatant les obsèques d'Elisée
Bost qui eurent lieu le 21 janvier.
Remerciements de Jacques Bost du 2 novembre 1972 après le décès de sa
mère, Bénédicte, épouse d'Elisée. Jacques fut le directeur de l'usine
avant d'être écarté à la mort de son père. Peu après la disparition de
sa mère, il quittera le village.
Usine Bost
Règlement intérieur du 1er février 1920.
Bilan comptable du début des années 1920. Ecrit à la plume, il détaille
les investissements réalisés pour les usines de Laissey et de Rougemont,
la centrale hydroélectrique de Fourbanne et la construction de
maisons ouvrières à Laissey.
Note de service du 10 mars 1965 concernant le respect des horaires.
Brochure institutionnelle de 1969 présentant l'entreprise.
Plaquette commerciale expliquant les raisons de l'abandon de la marque
commerciale EgaBost au profit de la seule marque Bost à partir du 17
octobre 1996.
Facture
Facture du 16 mars 1891. L'une des toutes premières des Frères Bost ?
Enregistrement audio des pilons le 15 juillet 1991
Un bruit que l'on n'entendra plus jamais dans le village : celui des
cinq marteaux-pilons Lasco de l'usine Bost résonnant dans la vallée du
Doubs. Remplacés par deux presses à froid, ils cessèrent leur activité
en 2004. D'une puissance respective de 800 kg, 900 kg,
1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils ont été démontés et ont
retrouvé une seconde vie dans une usine concurrente chinoise.
Films promotionnels tournés en 2011
Film promotionnel du groupe Facom sur l'usine de Laissey et présentant
l'ensemble du processus de fabrication d'une pince.
Film promotionnel du groupe Facom sur l'usine d'Arbois et présentant
l'ensemble du processus de fabrication d'un tournevis.
Film promotionnel du groupe Facom sur les enjeux de l'électrique et
présentant la gamme d'outils 1000 volts réalisée sur le site de
Laissey.
Liens externes
Site Internet de l'entreprise Bost Garnache Industries.
Site Internet de l'entreprise Facom.
Site Internet de l'entreprise Stanley Black & Decker.
Publicités
Quelques publicités des années 1920 aux années 1990.
Publicités des années 1920
Publicité pour les établissements Bost Frères.
Publicité pour les établissements Bost Frères.
Publicité de 1927 pour la gamme de cisailles La facile.
Publicités des années 1930
Publicité pour une gamme d'outils destinée aux électriciens.
Publicités des années 1940
Publicité présentant la nouvelle méthode de fabrication des tenailles sans
rivet d'assemblage.
Publicité pour une pince spéciale destinée aux amateurs de T.S.F.
Publicités des années 1950
Publicité pour la pince universelle La Bisontine.
Publicité de 1952 pour les établissements Bost Frères.
Publicités des années 1990
Publicité parue en dernière et pleine page du journal L'Est Républicain
du 27 juin 1991 pour le centenaire de l'entreprise.
Plaquette commerciale présentant la nouvelle pince multiprise entrepassée
TechniBost.
Plaquette commerciale de 1999 présentant la nouvelle pince multiprise
Techni.2 à section indéréglable.
Bibliographie et crédits photographiques
les Registres du commerce de Laissey des années 1877, 1889, 1906, 1917,
1921, 1933 et 2013.
Histoire de Rougemont (Robert Bichet, 1973).
Mémoire en images : Baume-les-Dames et ses environs (Patrice
Belzacq, Editions Alan Sutton, 2000).
Mémoire en images : le pays de Baume-les-Dames (Patrice Belzacq,
Editions Alan Sutton, 2002).
De paysan à leader mondial : Delfingen (Claudine le Tourneur
d'Ison, Maxima, 2014).
carnet de notes personnelles de M. Daniel Girardot.