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[Logo Bost 1981]
Ses entreprises : la fabrique d'outils Bost
 
Toujours en activité, le second fabricant européen de pinces et de tenailles a métamorphosé le village et fait entrer Laissey de plain-pied dans l'ère industrielle.

Cet article reprend les couleurs historiques de la marque afin de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont bâti cette entreprise au fil des années.

Sommaire
L'usine Bost : de 1891 à aujourd'hui
Fabricant de pinces et de tenailles depuis plus de 120 ans, l'usine Bost a façonné le village tout au long du XXème siècle. Poumon économique du canton, paternalisme assumé à la grande époque avec la construction de logements ouvriers, nombreux sont ceux et celles qui y ont travaillés, s'y sont rencontrés, ... Si la pince a fait la renommée de Montécheroux, c'est Bost qui a fait celle de Laissey !

Fondée par Élisée Bost et trois de ses frères en 1891, devenue Bost Garnache Industries (B.G.I.) sous l'impulsion de Facom, elle est désormais une filiale du groupe américain Stanley Black & Decker.


[Les ouvriers Bost en 1899]
Bost Frères en 1899.


B.G.I. est le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le second fabricant européen de pinces et le premier français. Il emploie aujourd'hui 500 personnes sur deux sites de production (Laissey et Arbois) et un centre de conditionnement (Dole). En 2011, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 25,8 millions d'euros.

Le site de Laissey produit des pinces haut de gamme, garanties à vie, qu'elles soient classiques (universelles, coupantes, tenailles, ...) ou spécialisées (pour l'électronique, la microélectronique, la basse tension jusqu'à "1000 volts", ...). Mais, si l'entreprise compte plus de 1000 références à son catalogue, 20 % d'entre elles représentent 80 % de sa production annuelle, les pinces universelles, les pinces coupantes et les tenailles restant les modèles les plus demandés.


[L'usine Bost avant sa destruction]
L'usine Bost quelques années avant la fin de son activité et sa destruction (8 mai 2013).


Une association, Le chat des Laissey, a été créée en 2008 et s'attelle à la formation d'un musée de la pince afin de conserver le patrimoine industriel du village et de l'usine Bost. Ses locaux se trouvent dans l'une des anciennes maisons ouvrières des mines de fer, qui devint au début du XXème siècle l'épicerie et bureau de tabac Louis Courtot puis le bureau de poste.

Le 2 septembre 2017, après de longues et intenses années de travail, elle inaugure le Musée Bost et de l'outil dédié à la conservation du patrimoine industriel du village et de l'usine Bost.

Fin de l'aventure Bost à Laissey
[Carton Stanley Made in China]
La qualité selon Stanley !
La nouvelle est tombée le mercredi 15 novembre 2017 : le site de production laisséen va être transféré à Besançon dans les locaux de Stanley. Le déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer aux vacances.

C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité dans la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre.

Les raisons : bâtiments trop vétustes (alors que toutes les fenêtres ont été remplacées il y a à peine deux ans...), risques d'inondations de grandes ampleurs à très court terme (alors qu'on arrive à peine à prédire la météo du lendemain...), problèmes d'assurances, ... Tous les arguments sont malheureusement bon pour justifier une telle décision.

Certes, on ne peut que se réjouir que l'entreprise ne soit pas délocalisée dans un pays d'Europe de l'Est ou en Asie comme tant d'autres avant elle. Les salariés préservent ainsi leur travail, mais, pour combien de temps ?

Outre l'aspect historique et sentimental, cette annonce est également un véritable coup dur économique pour la commune de Laissey et ses habitants qui vont ainsi perdent une dotation financière importante. Terminé les travaux d'embellissement du village à plusieurs centaines de milliers d'euros ! A moins, bien évidemment, d'augmenter significativement les impôts des contribuables faisant ainsi reposer cette décision sur les Laisséens.

Ce mercredi 15 novembre 2017 restera dans l'histoire du village une date à marquer d'une pierre noire.

15 novembre 2017, l'annonce officielle : l'usine Bost quitte Laissey

  [Article de L'Est Républicain]
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 20 novembre 2017.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.

 
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir

  [Déménagement de l'usine Bost]
Le déménagement de l'usine Bost débute.
 
Juillet / août 2018, la forge à froid déménage à son tour

  [Déménagement de l'usine Bost]
La forge à froid sur le départ, il ne restera bientôt plus rien de l'usine Bost
sur le site historique de Laissey...

 
Octobre 2019, la démolition des bâtiments débute...

  [Démolition de l'usine Bost]
Samedi 5 octobre 2019 (!) : les pelleteuses s'attaquent à la démolition des bâtiments.
 
Février 2020, les travaux de démolition partielle sont terminés

  [Démolition de l'usine Bost]
Seuls les bureaux, les forges à froid et à chaud restent les témoins d'un passé industriel fort
de 127 années de production d'outillage à main de haute qualité à Laissey (février 2020).

 
Octobre 2022, la Communauté de Communes du Doubs Baumois rachète les bâtiments
Les trois bâtiments préservés de la destruction (pour une surface totale de 5 000 m2) deviennent la propriété de la Communauté de Communes du Doubs Baumois et ce pour un euro symbolique.


[Article de L'Est Républicain]
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 25 octobre 2022.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
Historique
Nombre d'entreprises débutent leur historique à l'année de leur création. Mais, pour comprendre Bost et son fondateur Élisée Bost, il faut remonter dans son passé afin de connaître la source de son inépuisable énergie.

Voici les faits marquants, heureux ou malheureux, qui ont marqué une entreprise plus que centenaire.


22
avril
1838
[Carte Saint-Just-de-Baffie] Naissance d'Antoine Bost à Saint-Just-de-Baffie (Puy-de-Dôme). Ses parents, Antoine Bost et Jeanne-Marie Chelle, sont cultivateurs dans ce village.

Afin de trouver du travail, Antoine quittera sa région natale et s'installera à Laissey où il sera journalier, puis mineur, puis contremaître aux mines de fer du village.

   
6
octobre
1842
[Carte Laissey] Naissance de Zoïle Courtot à Clerval (Doubs). Ses parents, Nicolas Courtot et Thérèse Cuenot, sont vignerons.
   
2
janvier
1860
Mariage d'Antoine Bost et de Zoïle Courtot à Laissey. La rencontre fut certainement facilitée par le fait que les mines de fer de Laissey alimentaient les hauts fourneaux de Clerval...
Ils eurent 10 fils et aucune fille.
   
21
juillet
1872
[Élisée Bost] Naissance d'Élisée Bost à Laissey. A 19 ans seulement, le septième enfant de la fratrie fondera la fabrique d'outils portant son nom.

Il décèdera à Laissey le 18 janvier 1957 à l'âge de 84 ans.

Élisée ou Élysée ? La première orthographe du prénom est celle notée dans le registre d'état civil de la commune et celle utilisée par lui-même ainsi que par son propre fils, Jacques. Elle figure également sur sa tombe. La seconde semble être la plus usitée dans le milieu civil et professionnel.
 

[Signature Élisée Bost]
   
1891 Ouvriers à la Manufacture d'outils Émile Bainier à Douvot, Élisée Bost et trois de ses frères créent leur propre entreprise de fabrication de pinces. Avec très peu de moyens, ils débutent dans les caves de la maison familiale à Laissey. Ne disposant pas de force motrice, un cheval fut acheté et Fareau fit tourner un manège pour entraîner les quelques rares machines possédées, notamment pour le polissage.
   
[Les ouvriers Bost en 1893]
Bost Frères en 1893 : ce n'est encore qu'un modeste atelier artisanal.
   
fin des
années
1890
Afin de faire face au fort accroissement de l'activité, l'entreprise Bost Frères s'installe dans les anciens locaux de l'usine de tissage, au bord du Doubs. Elle dispose désormais d'une turbine entraînée par la rivière qui permet un bon technologique avec l'utilisation de petits pilons à courroies et à ressorts. Cette transaction fut facilitée par le fait que le propriétaire de cette usine, M. Gentelet, n'était autre que l'oncle de l'épouse d'Élisée Bost, Bénédicte.

Pour répondre à la demande, Élisée Bost fait venir de (grandes) familles d'ouvriers spécialisés :

  • de Montécheroux ou de Saint-Hippolyte (Doubs), villages comptant de nombreuses usines de fabrication de pinces ;
  • d'Alsace, pour la fabrication des mèches à bois (les Herbert) ;
  • de la Haute-Marne, pour les cisailles (les Bauman, Chapuis, Receveur et Schcrer) ;
  • de Paris, pour les outils à ressorts (les Colombet et Tamamis).
Il permet également à des habitants des villages voisins d'Amagney, de Champlive, de Douvot, de Roulans, ... de travailler à domicile à plein temps ou de compléter leurs modestes revenus agricoles.
   
[Illustration de l'usine vers 190X]
Illustration représentant Bost vers 1900. Même si le dessin est naïf,
cela donne une bonne vue de la cour de l'usine à cette époque.
   
1905 Pour distraire la population et ses salariés, Élisée Bost fonde la fanfare L'Amicale des usines de Laissey.
   
[L'Amicale des usines de Laissey]
La fanfare L'Amicale des usines de Laissey en 1925.
Assis à droite des tubas, les mains jointes, Élisée Bost.
   
années
1900
C'est durant cette période qu'Élisée Bost souhaite ajouter un logo à sa marque pour la rendre instantanément reconnaissable.

Il veut utiliser le lion présent sur les armoiries de la Franche-Comté, mais cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers s'y opposent afin d'éviter toute confusion avec leur propre emblème. Il choisit alors un autre félin : un chat.

Un autre logo fut également utilisé pour désigner les articles de moindre qualité, que l'on qualifierait aujourd'hui de premier prix : un soleil. Il ne sera en vigueur que quelques années seulement contrairement au chat qui fut le symbole de l'outillage à main de haute qualité pendant près de soixante ans.

   
[Logos année 1907]
Extrait d'un catalogue de 1907 où apparaissent les deux logos.
   
janvier
1910
L'usine est touchée par la plus importante crue du Doubs jamais observée. Elle provoque 75 000 francs de dégâts et met 175 ouvriers au chômage technique pendant quinze jours.
   
[Carte postale de l'usine Bost vers 1910]
Carte postale de l'usine Bost vers 1910. Les ateliers de l'usine de tissage ont été agrandis
et des bâtiments (en arrière-plan) ont été construits pour loger les ouvriers.
   
années
1914
-
1918
La Première Guerre mondiale prive Bost d'une partie de sa main d'œuvre qualifiée et ne lui permet pas d'honorer ses commandes. Néanmoins, comme nombre d'industries, elle évite à certains les affres de la guerre en faisant revenir du front les ouvriers, les techniciens et les cadres nécessaires au fonctionnement de l'usine. Et, elle peut ainsi participer à l'effort de guerre et répondre aux besoins de l'armée, les tenailles étant très prisées pour la découpe des fils de fer barbelés des tranchées.

Ainsi, seuls 3,7 % de la population de Laissey ont laissé leur vie durant la Première Guerre mondiale, ce pourcentage se situant dans la moyenne basse.

   
[Carte postale 1914]
Carte postale d'encouragements envoyée par la Direction aux ouvriers de chez Bost
participant à la Première Guerre mondiale et les incitant «  à la destruction des horribles boches ».
   
1919 [Marquis René de Moustier] Ayant besoin d'argent frais pour relancer l'activité après la Première Guerre mondiale, Bost Frères devient une société anonyme grâce à la prise de participation d'une majorité du capital par la famille de Moustier. Le Marquis René de Moustier en prend la présidence.

D'une des plus anciennes dynasties de Franche-Comté, hommes militaires et politiques, la famille de Moustier est très connue dans la région, notamment pour leur demeure, le château de Bournel près de Rougemont (Doubs).

Piètres industriels, mais fortunés, avec Bost, ils mettent la main sur une pépite et l'un de leurs rares succès avec la société Plastival, désormais Profialis, à Clerval.

   
1920 Sous l'impulsion de la famille de Moustier, Bost crée un site de production à Rougemont qui employa jusqu'à une cinquantaine de personnes. Il fut dédié à la fabrication d'outils pour travailler le bois, telles des mèches, des tarières et des vrilles.

Cette implantation ne répondait à aucune stratégie industrielle, mais était destinée à faire politiquement plaisir aux Rubrimontains. En effet, la Première Guerre mondiale toucha durement Rougemont qui vit sa population fortement décroître (environ 200 habitants en moins). En créant des emplois, l'installation d'une usine devait permettre d'éviter l'exode des jeunes et de développer la région.

   
[Usine de Rougemont]
L'usine de Rougemont dans les années 1920.
   
1924 Construction et mise en service d'une centrale hydroélectrique à Fourbanne pour l'alimentation en énergie électrique de l'usine de Laissey via une ligne à haute tension privée. D'une puissance de 300 ch, le montant de l'investissement est de 900 000 francs. Elle sera revendue à un exploitant privé dans les années 1990.
   
années
1920
Afin de trouver de nouveaux marchés, Élisée Bost n'hésite pas à traverser les océans et ce, malgré la barrière de la langue. S'il essuie un échec cuisant aux États-Unis, il ne s'avoue pas vaincu et met le cap en Amérique du Sud et en particulier en Argentine. Son succès commercial dans cette contrée fut tel qu'il envoya un jour un télégramme : «  Fabriquez n'importe quoi, mais fabriquez ! ». C'est ainsi que Bost mit à son catalogue les sondes à grains, spécifiques à ce marché.

Durant cette même période, soucieux du bien-être de ses salariés, Bost construit plusieurs maisons ouvrières pour y loger son personnel dans un tout nouveau quartier sur les hauteurs du village, le Quartier du Maroc également appelé la Cité du Maroc.

   
[Quartier du Maroc]
Les premières maisons ouvrières du Quartier du Maroc.
 
Il était habituel à cette époque d'appeler les cités ouvrières ou cheminotes Quartier du Maroc. De nombreuses villes françaises possèdent un quartier ou une cité du Maroc : Champigny-sur-Marne, Le Cateau-Cambrésis, Le Mans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, ...
 
Si, dans certains cas, Maroc a pour origine les maraîchers ou les Maures d'Espagne (les « Marocains »), il n'en est rien pour Laissey. Gageons qu'Élisée Bost n'a fait que suivre la mode en vigueur et l'attirance exotique envers ce pays mis sous protectorat franco-espagnol en 1906.
 
On notera également que le Quartier du Maroc, toujours ensoleillé et ce quelque soit la saison, vient naturellement contrebalancer l'obscurité hivernale du Quartier Nègres (le bas du village), le substantif nègre venant de l'adjectif latin niger qui signifie noir ou sombre.
fin
juillet
1932
L'usine de Rougemont ferme ses portes suite à la crise économique de 1929. Le site ne comptait plus que 12 ouvriers.
   
[Prototype pince à cintrer les tubes]
Prototype en bois réalisé par M. Stanislas Racine d'une pince à cintrer
les tubes électriques "Bergman" (avec l'aimable autorisation de M. Stanislas Thouret).
   
1935 Le capital de l'entreprise est désormais de 3,8 millions de francs. La crise économique de 1929 est désormais oubliée.

Bost possède quatre usines hydroélectriques : Laissey (125 ch) et Fourbanne (300 ch), pour sa propre alimentation en énergie électrique ; Rougemont (75 ch) et Montécheroux (75 ch), dont la production est revendue à des entreprises locales.

   
années
1930
Constitué au départ de quelques maisons, le Quartier du Maroc s'agrandit rapidement pour faire face aux besoins en logement des ouvriers, toujours plus nombreux.
   
[Quartier du Maroc]
Les nouvelles constructions du Quartier du Maroc.
   
1935 [Marquis Léonel de Moustier] Son père René étant décédé le 21 août, le Marquis Léonel de Moustier prend la présidence de l'entreprise.

Député et Conseiller général, il fit partie des quatre-vingts parlementaires qui votèrent contre l'attribution des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, l'armistice étant une « trahison » et Pétain, un « traître ».

Mettant son domaine de Bournel à la disposition de la résistance, chef militaire de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée), il est arrêté par la Gestapo le 23 août 1943.

Déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) au début de l'été 1944, il y décède en mars 1945. Sa famille ne put récupérer son corps qu'en octobre 1945.

En effet, la défaite arrivant, les nazis n'avaient plus le temps de brûler les cadavres, transformant les alentours des camps de concentration en vastes charniers pour cacher leurs méfaits. Afin de ne pas légitimer les thèses révisionnistes, les Alliés s'opposèrent au rapatriement de toutes les victimes identifiables. Il fallut l'intervention de Charles de Gaulle pour qu'il soit enterré dans la propriété de son château.

   
1936 Suite à la victoire du Front populaire, Élisée Bost s'oppose fermement à l'idée d'octroyer deux semaines de congés payés à ses salariés. Une grève de quinze jours éclate au sein de l'entreprise. Il faut faire appel au préfet pour renouer le dialogue entre les différentes parties. La dissension est telle que lors d'une réunion, Élisée Bost brandit un revolver et menace de se suicider !
   
[Ouvriers 193X]
Ouvriers dans les années 1930.
   
janvier
1940
L'entreprise est fortement endommagée par un incendie que les eurent beaucoup de mal à maîtriser. Le froid glacial qui sévissait (-25 °C) gelait l'eau au bout des lances d'incendie ! L'atelier de la lime fut le plus touché. La cause de cet incendie fut vraisemblablement un chiffon de meuleur qui se consumait doucement sur un tabouret et qui s'enflamma tard dans la nuit.

Ce fut l'une des rares voire la seule fois où l'on vit Élisée Bost pleurer, les larmes gelant dans sa moustache.

   
[Incendie de janvier 1940]
L'intérieur d'un atelier après l'incendie de janvier 1940.
   
1943 Les lois vichystes du Président du Conseil des ministres Pierre Laval imposant le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), quatorze employés Bost de tous âges, dont une femme, sont requis et envoyés contre leur gré en Allemagne nazie.

Élisée Bost établit lui-même la liste des partants, essentiellement des communistes à qui il reprochait de provoquer des troubles et qu'il voulait éloigner de son usine. En 1945, ne s'attendant pas à les voir revenir, il fut particulièrement inquiet à leur retour d'un éventuel désir de vengeance.

   
[Les ouvriers requis en 1943]
Les quatorze employés Bost requis pour le S.T.O.
   
années
1940
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine fonctionne au ralenti. Entre les salariés prisonniers en Allemagne et la rareté de la matière première, les livraisons se font rares. Des commandes passées en 1943 ne sont ainsi pas livrées avant 1945 !
   
[Commande de 1943]
Commande du 11 février 1943 de la quincaillerie P. Toubin à Salins-les-Bains.
Réclamée une première fois le 2 novembre 1943 puis une seconde fois le 18 janvier 1945 !
Durant cette période, pour éviter un éventuel bombardement du château d'eau de la SNCF, les autorités allemandes ordonnèrent la mise en place d'un couvercle en bois. L'eau faisant office de miroir, ces réservoirs étaient facilement repérables et étaient une cible privilégiée de l'aviation Alliés afin de perturber la circulation des trains.
 
Mais, un jour de violente tempête, le couvercle s'envola et s'abattit sur l'atelier des boîtes et des goupilles tout proche. Il fallut un certain temps pour que mesdames Francine Brie et Revoy se remettent de leurs émotions.
Carnet de notes de M. Daniel Girardot
1944 Le Marquis Léonel de Moustier étant déporté au camp de concentration de Neuengamme (Allemagne) au début de l'été 1944, Élisée Bost reprend temporairement la présidence de son entreprise.
   
[Illustration années 1940]
Illustration représentant l'usine dans les années 1940.
   
1945 Bost modernise sa centrale hydroélectrique. D'une puissance de 125 ch, elle permet à l'entreprise de subvenir à une partie de sa consommation jusqu'à la fin des années 1980.
   
[Prise d'eau de la centrale hydroélectrique]
La centrale hydroélectrique et sa prise d'eau (2 août 2015).
   
1947 [Comte Baudouin de Moustier.jpg] Succédant à son père Léonel, décédé au camp de concentration de Neuengamme en mars 1945, le Comte Baudouin de Moustier prend la présidence de l'entreprise.

Son charisme, ses qualités de gestionnaire et sa capacité à savoir bien s'entourer, permettent à Bost de se moderniser et de voir sa production fortement augmenter.

La production reprend lentement son rythme d'avant-guerre du fait du manque de matière première encore très présent et des restrictions mises en place. L'utilisation de bons monnaie-matières est courante. Le client doit fournir à l'usine Bost un bon de X kilogrammes d'acier pour l'exécution de sa commande.

   
1956 La production annuelle atteint 720 000 pinces. Employant 200 personnes, Bost devient le premier fabricant français de pinces.
   
[L'intérieur de la forge]
L'intérieur de la forge : les cinq marteaux-pilons de marque Lasco.
Leur puissance de frappe s'échelonnait de 800 à 3000 kg de masse tombante.
   
18
janvier
1957
[Plaque rue Élisée Bost] Élisée Bost décède à Laissey à l'âge de 84 ans après deux mois et demi d'une courte maladie.

En son honneur, la rue devant l'usine porte son nom.

   
1958 La production annuelle atteint 1 000 000 pinces avec un effectif constant de 200 personnes. Les bâtiments occupent une surface de 7500 m2.

Afin de moderniser les installations, un plan d'investissements sur dix ans de 6,5 millions de francs est lancé.

   
[L'intérieur de la forge]
L'intérieur de la forge : les presses à ébarber.
   
30
juillet
1959
La cheminée qui dominait l'usine depuis plus de cinquante ans est abattue d'un seul tenant et à l'endroit prévu par une seule personne. Le spécialiste a utilisé de simples cales en bois arrosées d'eau !
   
[Médailles du travail années 1950.jpg]
Une cérémonie de remise des médailles du travail dans les années 1950.
Au premier plan, en costumes clairs : à gauche, Marcel Bost ;
à droite, le Comte Baudouin de Moustier.
Ingénieur des Arts et Métiers, Marcel Bost est le neveu d'Élisée Bost. Pluridisciplinaire, il dessina de nombreux modèles de pinces, mais aussi certains des bâtiments encore visibles aujourd'hui. Il est aussi l'auteur "involontaire" d'une petite anecdote.
 
Au tout début de la soudure à l'arc, il donna l'ordre à Jean Rollin, dit Julot, de ressouder le fond d'un réservoir cylindrique qui fuyait en utilisant cette nouvelle technologique. Voulant s'assurer de la qualité du travail effectué, il fit remplir la cuve d'eau. Mais, la patience n'étant pas la qualité première de "Monsieur Marcel", il trouva le remplissage bien long. Il décida d'arrêter l'opération et mis sans attendre la cuve sous pression avec de l'air comprimé. D'un seul coup, le fond mal soudé se détacha et la cuve fut projetée en l'air, traversa une verrière et, en retombant, sectionna l'arrivée électrique du transformateur général tout proche.
 
L'usine s'arrêta immédiatement et il ne fallut pas longtemps pour que l'un des directeurs, M. de Brisoult, se rende sur les lieux et passe un savon magistral à Marcel Bost, encore mal remis de ses émotions et ruisselant d'eau.
Carnet de notes de M. Daniel Girardot
février
1961
Les bureaux sont entièrement rénovés pour répondre à la forte hausse des commandes et accueillir les clients dans un cadre agréable.
   
[Bureaux avant l'incendie du 22 novembre 1962]
Les bureaux rénovés en février 1961.
   
22
novembre
1962
Peu après cinq heures du matin, un incendie se déclare dans le bâtiment abritant les stocks et les bureaux (rénovés l'année précédente). Dû au système de chauffage à air chaud au mazout, les dégâts sont de 500 000 francs. Les archives, les documents comptables et bancaires, les plans, les études, les commandes, ... sont perdus. Les locaux seront reconstruits et même agrandis.
   
[Incendie du 22 novembre 1962]
Les stocks et les bureaux touchés par l'incendie du 22 novembre 1962.
   
[Illustration années 1960]
Illustration représentant l'usine dans les années 1960, après 1962.
Au premier plan, les nouveaux bâtiments reconstruits après l'incendie.
   
1964 Mise en place de la fabrication par lignes de production pour augmenter la productivité. Il faut désormais seulement six minutes pour fabriquer une pince universelle.
   
[La cour de la forge dans les années 1960]
La cour de la forge dans les années 1960.
   
1968 La production annuelle atteint 1 850 000 pinces. En dix ans, elle a quasiment été doublée alors que l'effectif est toujours constant avec 200 personnes, dont un quart de femme.

Le chiffre d'affaires est de 11 millions de francs pour un bénéfice d'un million de francs. Ces bons résultats permettent de garantir un salaire minimum de 1000 francs.

Le capital de l'entreprise est de 2,8 millions de francs, désormais possédé à 95 % par la famille de Moustier, les héritiers Bost préférant vivre de leurs rentes plutôt que de s'investir dans l'entreprise...

   
mai
1968
Quelques ouvriers et syndicalistes de Besançon, notamment de la Rhodia (toujours prompt aux conflits), viennent menacer les ouvriers Bost et les somment de se mettre en grève. Cet incident montre le réel décalage en les gens "de la ville" et ceux "des campagnes" ou les valeurs traditionnelles et le management patriarcal étaient plus présents.
   
1973 Facom et Peugeot Outillage entrent dans le capital.
   
1974 L'effectif est de 290 personnes pour une moyenne d'âge de 36 ans. L'horaire hebdomadaire est de 42,5 heures.

Le côté familial et paternaliste est toujours présent, car la majorité des agents administratifs et des cadres sont issus du personnel ouvrier.

   
1976 Bost est le 9ème fabricant européen de pinces.
   
[Vue aérienne dans les années 1970]
Vue aérienne de l'usine dans les années 1970.
   
1977 [Logo Peugeot Outillage années 1970] Nouvel agrandissement de l'usine avec la construction d'un atelier pour les presses à ébarber.

Suite à la retraite du Comte Baudouin de Moustier et n'ayant pas trouvé de successeur au sein de la famille, la société Peugeot Outillage devient majoritaire avec 73 % du capital.

Bien que sur les rangs, le Comte préféra vendre ses parts à une autre entreprise Franc-comtoise, plutôt qu'au rival Facom. L'entrée de Bost au sein d'un grand groupe tel que Peugeot Outillage devait lui permettre d'assurer son avenir.

Pourtant, malgré l'engouement des débuts, ce rachat marque le commencement d'une période d'instabilités et de flous qui aboutira à de longues périodes de chômages techniques. Difficile de bâtir une stratégie industrielle cohérente lorsque la direction change de tête tous les trois mois...

Pour les salariés, l'un des rares avantages de ce rachat était la possibilité de bénéficier d'une réduction importante sur l'achat d'une voiture Peugeot ou Citroën.

   
1979 La production annuelle chute à 1 650 000 pinces.

Afin de remplacer une grande partie du parc de machines vieillissant, un plan d'investissements est lancé.

   
[Pince coupante devant Peugeot Outillage]
Une pince coupante devant Bost marquée Peugeot.
   
1981 Bost emploie 280 personnes et traite 1500 tonnes d'acier par an et peut, théoriquement, fabriquer 15 000 pinces par jour.
   
1982 [Logo Facom] Peugeot, maison mère de Peugeot Outillage, étant confronté à de graves problèmes financiers, la société Facom devient le principal et quasi unique actionnaire avec 99 % du capital.

Cette déconfiture de Peugeot Outillage consacra la fameuse phrase du Comte Baudouin de Moustier qui, à l'un des directeurs de Peugeot lui faisant remarquer en 1977 que le lion (de Peugeot) avait mangé le chat (de Bost), lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir trop vite, car ce sera le chat qui mangera un jour le lion !

   
1984 Bost se remet doucement de ses années d'errance. Bien que n'employant plus que 200 personnes, l'entreprise produit cette année-là 2,6 millions de pinces dont 500 000 universelles, 450 000 coupantes diagonales et 350 000 tenailles russes et consomme 1400 tonnes d'acier.

Fabriquant 12 000 pinces par jour, Bost figure parmi les cinq plus grands fabricants mondiaux de pinces et propose 1150 articles à son catalogue.

   
1986 L'entreprise ouvre un atelier de forge à froid à Baume-les-Dames. La presse de marque Gräbner et d'une puissance de 1000 tonnes permet la suppression d'opérations propres à la forge à chaud, comme l'ébarbage et le redressage. Les premières pinces pour circlips fabriquées avec cette nouvelle technologie sont commercialisées.

L'organisation de la production est totalement revue par la mise en place de la méthode Kanban. La réduction des temps morts permet une réduction de 40 % des stocks tout en assurant la livraison de 98 % des commandes sous quatre jours.

   
1988 La production annuelle repart à la hausse et atteint 2 150 000 pinces. Bost devient le numéro 2 européen et le numéro 5 mondial.
   
[Médailles du travail années 1980.jpg]
Une cérémonie de remise des médailles du travail à la fin des années 1980.
   
1989 Bost emploie 200 personnes et produit 12 000 pinces par jour. Les bâtiments occupent une surface de 11 500 m2.

Lancement de la pince multiprise MultiBost auto-serrante sur les tubes et équipé d'un coupe-fils intégré.

   
[Multiprise MultiBost]
La pince multiprise MultiBost.
   
16
février
1990
L'usine est touchée par une violente crue du Doubs, la deuxième crue du siècle après celle de 1910. L'ensemble des ateliers est envahi sous les eaux jusqu'à une hauteur d'un mètre dans certains endroits.

Contrairement à celle de 1910, aucun chômage technique ne fut instauré et une partie de la production put redémarrer dès le lundi matin.

   
[Inondations 1990]
Une chaîne d'usinage les pieds dans l'eau le 16 février 1990.
   
1990 [Logo EgaBost] Sous l'impulsion de Facom, Bost fusionne avec la société Garnache Chiquet située à Arbois (Jura). Également propriété de Facom, cette dernière est spécialisée dans la fabrication de tournevis et de clés mâles.

Elles deviennent la nouvelle société Bost Garnache Industries (B.G.I.), le premier fabricant européen de tournevis et de clés mâles, le second fabricant européen de pinces et le premier français. La marque commerciale devient EgaBost. Le siège social du groupe est à Arbois, Laissey ayant perdu la bataille des chefs.

   
28
juin
1991
[Publicité centenaire]
Cliquez pour agrandir la publicité.
Bost fête en grande pompe son centenaire. 1500 personnes participent aux portes ouvertes et visitent l'entreprise. Après une cérémonie de remise des médailles du travail, une grande fête est organisée le soir sous un chapiteau pour les employés et leurs familles.

L'événement est annoncé par une publicité en dernière et pleine page du journal L'Est Républicain du jeudi 27 juin.

   
1993 B.G.I. est certifié ISO 9002 (qualité) par l'AFAQ.
   
1994 La production annuelle chute à 1 920 000 pinces.

B.G.I. inaugure un centre de conditionnement et de distribution à Arbois afin de mieux répondre aux demandes de ses clients.

   
1995 La production annuelle repart à la hausse et atteint 2 300 000 pinces. Le chiffre d'affaires du groupe B.G.I. est de 220 millions de francs et l'effectif est de 478 personnes (298 à Arbois et 180 à Laissey).
   
[Vue aérienne dans les années 1990]
Vue aérienne de l'usine dans les années 1990.
   
1995 Le site de Laissey devient le centre d'expertise pour l'ensemble du groupe Facom pour la production d'une nouvelle gamme complète d'outils isolés basse tension 1000 volts destinée aux électriciens.
   
[Pince universelle 1000 volts]
Une pince universelle 1000 volts, ici sous la marque Facom.
   
17
octobre
1996
[Logo Bost 1996] Face à des problèmes de droit d'utilisation dans de nombreux pays, la marque commerciale EgaBost est abandonnée en Europe au profit de la marque Bost, mieux protégée et plus facile à prononcer dans toutes les langues. Une belle revanche pour les salariés de Laissey, toisés jusqu'alors par ceux d'Arbois. Le chat a à nouveau mangé son adversaire !
   
1998 Début du lancement de la série Expert avec une pince coupante diagonale électricien et une pince à dénuder. Cette série est caractérisée par une gaine ergonomique bi-matière avec un ressort de rappel d'ouverture. Elles obtiennent le Janus du design industriel 1998 décerné par l'Institut français du design.
   
[Pinces Expert]
Les deux pinces Expert ayant obtenues le Janus du design industriel 1998.
   
1999 [Logo Fimalac 2009] Le fonds d'investissement Fimalac, du magnat français Marc Ladreit de Lacharrière, devient l'actionnaire majoritaire du groupe Facom. Son objectif : être dans le top 3 mondial des fabricants d'outillage à main.
   
1999 Lancement de la totalité de la série de pinces Expert et sortie de la pince multiprise à section indéréglable Techni.2.
   
[Multiprise Techni.2]
La pince multiprise à section indéréglable Techni.2.
   
2000 Déménagement de l'atelier de forge à froid de Baume-les-Dames à Laissey dans un nouveau bâtiment construit spécialement. Une seconde presse à froid de marque Manzoni et d'une puissance de 1000 tonnes est installée.

Bost se met aux nouveaux outils de communication et crée son site Internet.

   
[Forges à chaud et à froid]
A gauche, l'atelier de forge à froid. A droite, l'ancienne forge à chaud (14 juillet 2013).
   
2002 Lancement de la série de tournevis tri-matières Expert « A chaque vie, sa couleur » avec reconnaissance du type d'empreinte par la couleur.
   
[Tournevis Expert « A chaque vie sa couleur »]
Un aperçu de la gamme de tournevis Expert « A chaque vie, sa couleur ».
   
2003 Extension de la gamme Bost à d'autres outils : marteaux, outils de mesures, coffrets, ... Cette diversification centenaire avait été abandonnée lors de la fusion en 1990.
   
[Boîte à outils]
Un aperçu de l'ensemble de la gamme d'outils au catalogue.
   
2004 Arrêt de la forge à chaud. Le bruit des cinq marteaux-pilons Lasco cesse définitivement de résonner dans la vallée. D'une puissance respective de 800 kg, 900 kg, 1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils seront démontés et remontés dans une usine chinoise concurrente.


Enregistrement audio des pilons le 15 juillet 1991.


La forge d'une pince était réalisée en deux ou trois opérations successives :

  • le cambrage, pour donner une forme proche de la gravure au lopin de fer chauffé au rouge ;
  • l'estampage, pour donner la forme définitive à la pince ;
  • la repasse, pour finaliser cette forme, étape réalisée uniquement dans le cas des plus grosses pièces.
Le travail de pilonnier était certainement le plus dur de toute l'usine et était, à partir des années 1960, souvent réalisé par des travailleurs originaires d'Afrique du Nord.
   
1er
janvier
2006
[Logo Stanley Works 2010] La société Facom devient une filiale du groupe américain Stanley Works.

La gamme de tournevis Expert « A chaque vie, sa couleur » atteint les 15 millions d'unités vendues.

   
2009 B.G.I. est certifié ISO 9001 (qualité), ISO 14001 (environnement) et OHSAS 18001 (sécurité).
   
12
mars
2010
[Logo Stanley Black & Decker 2016] Les deux entreprises américaines Stanley Works et Black & Decker fusionnent pour devenir le groupe Stanley Black & Decker.
   
2011 Publication d'un film promotionnel présentant l'ensemble du processus de fabrication d'une pince sur le site de Laissey.
   
   
2013 Abandon progressif de la marque Bost au seul profit de la marque Facom. Les appellations Bost et Bost Garnache Industries n'apparaissent même plus sur les bâtiments de l'usine. Il semble bien cette fois-ci que le chat ait trouvé plus fort que lui !
   
[L'usine Bost aujourd'hui]
Aujourd'hui, les bâtiments arborent les couleurs rouge et grise de Facom
et la marque Bost n'apparaît désormais plus (8 mai 2013).
   
octobre
2013
Bost perd la fabrication des pinces circlips qui sont désormais usinées en Chine.
   
2016 Après 125 années d'existence, la réputée marque Bost est définitivement abandonnée au seul profit des marques Facom et Stanley.

Avec cette décision, c'est la page de l'histoire du XXème siècle du village qui se tourne pour toujours.

   
[Pince coupante Stanley]
Une pince coupante anciennement Bost désormais vendue sous la marque Stanley.
   
2017 Le site de Laissey fait désormais partie de l'entité Stanley Black & Decker Manufacturing et emploie 140 personnes.
   
2
septembre
2017
En présence de nombreuses personnalités et après de longues et intenses années de travail, l'association Le chat des Laissey inaugure le Musée Bost et de l'outil dédié à la conservation du patrimoine industriel du village et de l'usine Bost.
   
[L'inauguration du Musée Bost et de l'outil]
L'association Le chat des Laissey inaugure le Musée Bost et de l'outil
en présence de nombreuses personnalités politiques locales (2 septembre 2017).
   
15
novembre
2017
Une annonce officielle est faite aux salariés : le site de production laisséen va être transféré à Besançon dans les locaux de Stanley. Le déménagement va commencer en mai 2018 et se terminer aux vacances.

C'est donc 127 années de production d'outillages à mains de haute qualité dans la Vallée du Doubs qui vont s'éteindre. Et, une date qui restera dans l'histoire du village à marquer d'une pierre noire.

   
avril /
mai
2018
Débuté en avril, le déménagement du site est terminé début mai. Les salariés sont en congés forcés pendant quinze jours le temps que l'outil de production soit redémarré sur le site Stanley de Besançon. Seule la forge à froid bénéficie d'un cours répit jusqu'au mois de septembre, les locaux bisontins nécessitant des adaptations pour recevoir les presses.
   
[Déménagement de l'usine Bost]
Avril 2018, l'événement que le village n'aurait jamais voulu voir :
le déménagement de l'usine Bost.
   
début
juin
2018
Le site Stanley de Besançon est touché par des inondations dues aux très forts orages de cette période. Belle ironie de l'histoire, les risques d'inondations étant l'un des arguments phares pour abandonner le site de Laissey !

Suite aux nombreuses casses et, malheureusement, vols lors du déménagement, la production a bien du mal à repartir et à retrouver un niveau correct. Pour occuper les ouvriers, certains sont employés à balayer et à rebalayer des locaux propres...

   
fin juillet
/ début août
2018
La forge à froid déménage à son tour. Seul l'unité de gainage PVC reste en place. Trop âgée (plus de quarante ans), son démontage s'avère impossible sans gravement l'endommager.
   
[Déménagement de l'usine Bost]
Juillet/août 2018 : la forge à froid déménage à son tour.
Il ne restera bientôt plus rien de l'usine Bost sur le site de Laissey...
   
mi-décembre
2018
L'usine est désormais totalement vide. L'alimentation électrique est définitivement coupée.
   
4
juillet
2019
[Logo Stanley 2018] Une journée portes-ouvertes est organisée dans les locaux de Stanley à Besançon.

L'occasion de s'assurer que les machines sont toujours présentes et de découvrir que les conditions de travail ne sont plus celles de Laissey ! Bruits (presses et usinages réunis dans un même bâtiment) et le froid et la chaleur (hangars en construction métallique non isolés) sont désormais le quotidien des salariés qui doivent bien regretter par temps chauds de ne pouvoir ouvrir les fenêtres et de bénéficier d'un peu d'air frais apporté par le Doubs tout proche. Mais çà, c'était à Laissey et c'était avant !

   
5
octobre
2019
Un samedi (!), le jour tant redouté est arrivé : les pelleteuses s'attaquent à la démolition des bâtiments de l'usine Bost !
   
   
février
2020
Les travaux de démolition partielle sont terminés. Seuls les bureaux, les forges à froid et à chaud restent les témoins d'un passé industriel fort de 127 années de production d'outillage à main de haute qualité à Laissey.
   
2020 La commune de Laissey et la Communauté de Communes du Doubs Baumois négocient avec Stanley Black & Decker pour racheter les bâtiments restants de l'ancienne usine Bost pour l'euro symbolique.
   
[Article de L'Est Républicain]
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 21 février 2020.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
   
octobre
2022
Les trois bâtiments préservés de la destruction (pour une surface totale de 5 000 m2) deviennent la propriété de la Communauté de Communes du Doubs Baumois et ce pour un euro symbolique.

Redévelopper l'économie locale avec des artisans et des industriels ne va pas être chose aisée... Comme on peut malheureusement le constater dans d'autres petites villes ou villages qui sont confrontés à la même situation de désertification rurale.

D'autant plus que les risques qui ont mené à l'abandon du site par le groupe Stanley Black & Decker sont toujours d'actualité, notamment les menaces d'inondations induisant des problèmes d'assurances et les difficultés à faire venir "des gens de la ville" pour travailler à Laissey.

Enfin, quid d'un résidu d'amiante dans ces bâtiments ? Existe-t-il un risque ? Stanley Black & Decker va-t-il prendre à sa charge leur dépollution suite à d'éventuelles découvertes ultérieures ?

   
[Article de L'Est Républicain]
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 25 octobre 2022.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
   
25
octobre
2022
Reportage de France 3 sur l'avenir du site de l'ancienne usine Bost. Le temps passe et aucune installation d'entreprise ne se concrétise...
   
   
mars
2024
Pour paraphraser le journaliste de l'Est Républicain, à Laissey, on est plus surpris d'apprendre par la presse que les locaux ont été loués à une entreprise parisienne qui plus est désormais liquidée et qui ne paiera jamais ses loyers...

Certes, le préjudice n'est certainement pas énorme, mais si l'on se réfère au reportage de France 3 du 25 octobre 2022, le projet initial était plutôt de créer des box de 150 m2 pour permettre à des entreprises locales de s'installer et de créer de l'emploi dans la région. Pas sûr qu'une entreprise parisienne en faillite répond à ces critères...

   
[Article de L'Est Républicain]
Article de L'Est Républicain paru dans l'édition du 16 mars 2024.
Cliquez sur l'image pour lire l'article.
Les différents logos d'hier à aujourd'hui
Pendant près de soixante ans, le logo Bost fut un chat, symbole de l'outillage à main de haute qualité. Ce n'est qu'à partir des années 1970 qu'il devint plus moderne, mais aussi plus classique dans son dessin.

À l'origine, Élisée Bost voulut utiliser un lion, symbole de la Franche-Comté. Mais, cet animal étant utilisé depuis 1847 par les Peugeot, ces derniers s'y opposèrent et Élisée Bost dut choisir un autre félin.

Pour l'anecdote, la déconfiture de Peugeot Outillage en 1982, qui avait racheté Bost en 1977, consacra la fameuse phrase du Comte Baudouin de Moustier. À l'un des directeurs de Peugeot lui faisant remarquer que le lion (de Peugeot) avait mangé le chat (de Bost), il lui avait rétorqué qu'il ne devait pas se réjouir trop vite, car ce sera le chat qui mangera un jour le lion !


[Logo 1907] [Logo 190X]
1907 (utilisé pour
l'outillage premier prix)
1907 (utilisé pour
l'outillage de qualité supérieure)
 
[Logo 193X] [Logo 195X]
Années 1930 Années 1950
 
[Logo 1957] [Logo 1975]
1957 1975
 
[Logo 1981] [Logo 198X]
1981 Années 1980
 
[Logo 1990] [Logo 1996]
1990 1996
 
[Logo 2001] [Logo Facom 2013]
2001 2013
 
[Logo Stanley 2018]  
2018  
Documents
Famille Bost
Usine Bost
Facture
Enregistrement audio des pilons le 15 juillet 1991
[Document sonore]
 
Un bruit que l'on n'entendra plus jamais dans le village : celui des cinq marteaux-pilons Lasco de l'usine Bost résonnant dans la vallée du Doubs. Remplacés par deux presses à froid, ils cessèrent leur activité en 2004. D'une puissance respective de 800 kg, 900 kg, 1000 kg, 1500 kg et 3000 kg, ils ont été démontés et ont retrouvé une seconde vie dans une usine concurrente chinoise.


Films promotionnels tournés en 2011
Liens externes
Publicités des années 1920 aux années 1990
Bibliographie et crédits photographiques
  • les Registres du commerce de Laissey des années 1877, 1889, 1906, 1917, 1921, 1933 et 2013.
  • Histoire de Rougemont (Robert Bichet, 1973).
  • Mémoire en images : Baume-les-Dames et ses environs (Patrice Belzacq, Éditions Alan Sutton, 2000).
  • Mémoire en images : le pays de Baume-les-Dames (Patrice Belzacq, Éditions Alan Sutton, 2002).
  • De paysan à leader mondial : Delfingen (Claudine le Tourneur d'Ison, Maxima, 2014).
  • carnet de notes personnelles de M. Daniel Girardot.
  • site de la société Bost Garnache Industries.
  • la marque et les logos Bost sont des emblèmes déposés par la société Bost Garnache Industries.
  • la marque et les logos Facom sont des emblèmes déposés par la société Facom.
  • la marque et les logos Stanley Black & Decker sont des emblèmes déposés par la société Stanley Black & Decker.
  • crédits photographiques :
    • droits réservés pour les ayants droit non identifiés.
    • avec l'aimable autorisation de M. Stanislas Thouret pour la photographie du prototype en bois de pince "Bergman".

 
Dernière mise à jour : le 21 avril 2024